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rendu très souples à l’endroit des Laurentides, et notre œil facilement adouci n’aurait vu que des mamelons à la place des massifs impraticables, et que des vallées dans les collines ; mais heureusement qu’aujourd’hui, grâce à une politique tout à fait sans précédent, à la santé du trésorier qui se rétablit encore plus souvent qu’elle ne périclite, à la vigilance du premier ministre qui a constamment l’œil à ce que les montagnes ne prennent nulle part de fantaisies comme dans l’Écriture, nous pouvons espérer que les préjugés disparaîtront en même temps que les dépenses inutiles, et que nous deviendrons les gens les mieux renseignés du monde à force de surplus budgétaires.

III

Les lacs forment les étapes successives de ce pays si sauvage et si magnifique, et voyez par quel étrange effet d’une destinée sans doute préconçue, presque tous les lacs se trouvent sur le parcours même de la ligne, je parle des principaux d’entre eux, de ceux qui ont un nom, car le nombre des lacs minuscules, éparpillés çà et là à une distance plus ou moins grande de la voie, est presque incalculable. Au demeurant, le Canada tout entier, depuis le littoral du Nouveau-Brunswick jusqu’à celui de la Colombie Anglaise, est le pays des lacs par excellence ; ce sont les restes du vaste glacier qui couvrait un jour (il y a de cela 200,000 siècles environ, et dire qu’on appelle le Canada un jeune pays !) qui couvrait un jour, dis-je, les parties septentrionales de l’Amérique, et qui,