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qui ne vivent pendant un an ou deux que de galettes de sarrasin uniquement, comme je les ai vus en différents endroits du pays, vont pouvoir vivre ici immédiatement du bois qu’ils auront droit de couper sur leurs lots sans contrevenir aux règlements du département des Terres, règlements qui sont comme une camisole de force enroulée au corps et aux bras de nos pauvres défricheurs. Heureusement que dans la région dont nous nous occupons, les concessions de bois (limites) ne s’étendent pas au-delà de la rivière Bostonnais ! Voulez-vous un exemple de ce qu’il en coûte peu pour faire le bois dans le voisinage du chemin de fer, et de la rapidité avec laquelle peut s’effectuer cette opération ? L’an dernier, M. Beaudet, dans une de ses tournées sur la ligne, se rencontra avec un batelier de notre port, du nom de Wagner. « Voyez-vous, » lui dit celui-ci, comme le train passait à travers la forêt, « ce superbe merisier, là, au milieu des bouleaux et des épinettes comme un grand-père au milieu de ses petits-enfants ? Eh bien ! il est réellement trop beau pour rester là ; je suis venu l’abattre ; mes hommes sont avec moi ; je descends de suite, et quand le train repassera, retournant à Québec, j’y mettrai mon merisier dépouillé de ses branches, équarri et bon à vendre. » Aussitôt dit, aussitôt fait, et dès le lendemain, en moins de vingt-quatre-heures après, on voyait le beau merisier de Wagner sur un quai du Foulon, prêt à être expédié en Europe par le grand commerçant de bois, M. Dobell, qui l’avait de suite payé sur livraison soixante dollars.

Mais il n’y a pas que du bois le long de la ligne ; il y a encore les admirables carrières de la rivière Batiscan ; les