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une main téméraire et brutale, l’administration inconsidérée de médicaments incendiaires, la négligence dans les soins à porter à ces nouvelles mères, comme de ne pas les tenir chaudement, de négliger de les bouchonner ; comme aussi lorsqu’on n’a pas la précaution de leur donner de l’eau tiède, blanchie de farine d’orge, ou qu’on la donne trop froide, ainsi qu’à la suite d’une nourriture trop abondante et trop excitante. Il est des veaux si faibles, qu’ils prennent difficilement le trayon ; pour les disposer, il faut leur faire avaler quelques jaunes d’œufs frais, ou bien un peu de vin tiède miellé ou sucré, ce qui les fortifie beaucoup. Les veaux naissants sont proportionnellement moins forts que les autres animaux domestiques ; ils sont également plus sensibles au froid et à l’humidité. Pour en prévenir les mauvais effets, il est essentiel de laisser séjourner pendant plusieurs jours les vaches auprès d’eux, dans des étables saines, pour les échauffer et les allaiter à volonté, afin de les fortifier plus promptement, et de leur donner la facilité de mieux supporter les privations limitées par leur allaitement. D’ailleurs, les mères demandent ce temps-là pour réparer les déperditions que leur a nécessité le pénible travail du vêlage, et pour les garantir des dangers que nous avons fait connaître, auxquels elles sont exposées par ces manques de précautions. On est dans l’usage de ne faire téter les veaux que trois fois le jour, encore a-t-on l’habitude de traire les vaches avant de les leur présenter. De cette pratique vicieuse et irréfléchie, il résulte : 1o que les nourrissons ayant besoin de prendre à chaque instant pour se substanter, souffrent ostensiblement de cette privation ; que lorsqu’on les veut allaiter, ils se jettent avec avidité sur le pis, ils prennent en une fois ce qui aurait dû leur être procuré en plusieurs ; ils