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GREGOR MENDEL.

intense ; la quatrième plante ne donna qu’une graine d’un brun uniforme. Les formes où dominaient les fleurs violettes avaient des graines brun sombre, brun noir et noir pur.

L’expérience fut encore poursuivie pendant deux générations dans des conditions également défectueuses, car, même les descendants de plantes relativement fertiles furent, pour une part, peu fertiles ou complètement stériles. On ne retrouva plus d’autres colorations de fleurs et de graines en dehors de celles déjà citées. Les formes qui, dans la première génération, avaient un ou plusieurs des caractères dominés, restaient, en ce qui les concerne, constantes sans exception. De même, parmi les plantes à fleurs violettes et graines brunes ou noires, quelques-unes gardaient la même couleur de fleur et de graines dans les générations suivantes ; la plupart, cependant, à côté de descendants tout à fait semblables à elles-mêmes, en donnaient d’autres à fleurs blanches et à épisperme de la même couleur. Les plantes à fleurs rouges furent si peu fertiles qu’on ne peut rien affirmer avec certitude au sujet de leur descendance.

Malgré les nombreuses causes de perturbation qu’eut à éviter l’observateur, il ressort cependant suffisamment de cette expérience que le développement des hybrides, en ce qui concerne les caractères ayant trait à la forme de la plante, suit les mêmes lois que chez Pisum. Pour ce qui est du caractère de couleur, il semble positivement difficile d’obtenir une concordance suffisante dans les résultats. Outre que la combinaison de deux colorations blanche et rouge-pourpre donne toute une série de couleurs allant du pourpre au violet pâle et au blanc, on doit être frappé de ce fait que, sur 31 plantes donnant des fleurs, une seule prend le caractère récessif de couleur blanche, tandis que chez Pisum le fait se présente en moyenne une fois sur quatre plantes.

Mais ces phénomènes, énigmatiques en eux-mêmes, trouveraient, peut-être, une explication dans la loi qui s’applique à Pisum, si l’on admettait que la couleur des fleurs et des graines du Ph. multiflorus est composée de deux ou de plusieurs couleurs complètement indépendantes et dont chacune se comporte, chez la plante, comme tout autre caractère constant. Si la couleur des fleurs A était composée des caractères indépendants A1 + A2 + …… donnant comme effet d’ensemble une coloration rouge-pourpre, il devait se former par fécondation avec le caractère différentiel couleur blanche a, les combinaisons hybrides A1a + A2a + …… ; il en serait de