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et les formules délicates du calcul des probabilités. Et tout en nous défiant un peu de certaines exagérations, tout en redoutant, avec C. Emery, les effrayants grimoires du dilettantisme biométrique[1], nous devons reconnaître que maniés habilement, mis en œuvre par un Wheldon, un Davenport, un Camerano, ces nouveaux procédés d’investigation ont donné déjà des résultats qui ne sont pas sans valeur et promettent pour l’avenir une moisson plus riche encore.

En Taxonomie comme en Anatomie, il reste beaucoup à faire ; ce n’est pas la besogne en elle-même qui est méprisable, mais l’esprit dans lequel elle est parfois accomplie par certains systématistes qui, sans mandat, prétendent s’établir comptables de la science et, sous prétexte de purisme grammatical, font métier de piraterie, substituant avec impudence leur nom obscur à ceux des naturalistes les plus méritants.

Mais une tâche plus digne nous incombe si, modestement et laborieusement, nous nous efforçons d’alléger pour le cerveau de nos successeurs le fardeau chaque jour plus écrasant de la spécification.

La réforme de la systématique ne doit pas être cherchée dans l’établissement d’une nomenclature trinominale ou plurinominale qui par sa complication nous ramènerait aux temps prélinnéens. Les conciles œcuméniques de spécialistes à l’affût de priorités douteuses perdront peu à peu toute autorité. L’avenir appartient à une nomenclature basée sur les lois de variation des formes et des couleurs, tenant compte de ce que R. Baron a appelé les allotropies et anamorphoses diamétrales, de ce que Coutagne a désigné sous le nom de modes morphologiques, et enregistrant les espèces et les variétés dans les diverses régions géographiques par le système décimal de Dewey ainsi que l’a proposé Davenport[2]. Et cela même en abandonnant, s’il le faut, les anciens types quand ils n’auront dû qu’au hasard d’être les premiers rencontrés par les naturalistes l’honneur d’une description antérieure !

Sans doute les futurs mémoires de spécification ressembleront moins à des dictionnaires, et plus à des tables de logarithmes. Les mesures quantitatives remplaceront ou compléteront les descriptions

  1. Emery (C). Éthologie, phylogénie et classification, VIe Congrès internat. de Zoologie, Berne, 1904.
  2. Davenport, Zoology of the twentieth century, Science, no 348, 30 août 1901, p. 315-324.