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Page:Bulletin de l'Académie Delphinale, 3e série, tome 16 - 1880.djvu/204

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» Mai passe dans ce séjour…
» Il cueille vierges et roses ;
» Pour son front, les fleurs écloses,
» Et les vierges pour sa cour.

» Heureuses les jeunes belles
» Qui mourront au mois de Mai !
» De roses fraîches comme elles
» Leur cercueil sera semé… »

En entendant ces mots, la pauvre Elcy, tremblante,
Sentit son œil mouillé d’une larme brûlante,
Qui coula lentement sur ses beaux traits pâlis,
Comme une goutte d’eau sur la blancheur d’un lis :
« — Hélas ! c’en est donc fait… Voici l’heure, dit-elle,
» Ô Seigneur ! reçois-moi dans ta paix éternelle !
» Évanouissez-vous, prestiges mensongers !
» Laissez-moi, vains regrets ! fuyez, rêves légers !
» Jeunes illusions aux splendeurs éphémères.
» Pour la réalité je quitte vos chimères !
» Sur l’aile de l’espoir je fuis loin de ces lieux…
» Ô ma mère ! ô mes sœurs ! je vous attends aux cieux… !
» J’entends, j’entends les saints cantiques
» Et le doux son des harpes d’or…
» Ouvrez-vous, célestes portiques !
» Ô mon âme ! prends ton essor !… »

Sa prière finie, elle pencha sa tête,
Tige frêle, avant l’heure, offerte à la tempête…
Et, comme un pur encens d’un calice exhalé,
Son âme en flots d’amour au ciel avait volé…

En cet instant l’on put distinctement entendre
Le rossignol lointain,