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Page:Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, tome 18, 1918.djvu/263

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je vais avoir à la discuter en détail, je suis obligé de la reproduire encore une fois, d’après l’inscription de Tanjore de 1030 publiée par M. Hultzsch :

« Ayant envoyé de nombreux navires au milieu de la mer mouvante et s’étant emparé de Sangrāmavijayottu ṅgavarman, roi de Kadāram, avec les éléphants en rut qui lui servaient de montures et qui dans les batailles (étaient aussi impétueux) que la mer, (il prit aussi) la quantité de trésors que (ce roi de Kadāram) avait justement accumulés, le Vidyādharatorāṇa, la « Porte de la guerre » de la grande cité ennemie, la « Porte des joyaux » splendidement ornée, la « Porte des grands joyaux » [1], le prospère Çrīvijayam [2], Paṇṇai arrosé par la rivière, l’ancien Malaiyūr (avec) un fort situé sur une haute colline, Māyirudiṅgam entouré par la mer profonde (comme par) un fossé, Ilaṅgāçogam indompté (dans) de terribles batailles, Māppappālam défendu par d’abondantes eaux profondes, Mevilimbaṅgam défendu par de belles murailles, Valaippandūru possédant (à la fois) des terres cultivées (?) et des terres incultes, Talaitlakkolam loué par de grands hommes (versés dans) les sciences, Mādamāliṅgam intrépide dans les grands et terribles combats, Ilāmurideçam dont la terrible force fut vaincue par une violente (attaque), Māṇakkavāram dont les jardins de fleurs (ressemblaient) à la ceinture (de la nymphe) de la région méridionale, et Kadāram à la force terrible, qui était protégé par la mer voisine ».

L’étude de cette liste permet-elle d’identifier le pays de Çrīvijaya ? Il s’agit d’abord de déterminer en quoi ont consisté les conquêtes, plus ou moins réelles, de Rājendracola I « au-delà de la mer mouvante ».

Mais, auparavant, il importe de souligner un fait qui semble avoir échappé à la plupart des auteurs qui ont abordé ce problème. La liste des pays conquis par Rājendracola I forme un tout, dont il est impossible de dissocier les divers éléments. Le texte dit en effet que Rājendracola I, après avoir vaincu le roi de Kadāram, s’empara de ses trésors, puis d’un certain nombre de pays, et enfin de Kadāram. Il s’agit donc d’une même campagne, et il est a priori infiniment probable que les différents pays énumérés étaient soit des Etats vassaux du roi de Kadāram, soit même simplement les différentes villes ou provinces de son royaume : cela est même certain pour le premier nom de la liste, puisque l’on a vu que le roi de Katāha (= Kadāram)

  1. Telle est l’interprétation de M. HULTZSCH, que je respecte, n’étant pas tamoulisant. Mais on peut se demander si cette énumération ne serait pas plutôt une série d’épithètes se rapportant à Çrīvijayam.
  2. Ou Çrīvisayam, l’alphabet tamoul ne possédant qu’un signe unique pour représenter les occlusives palatales et les sifflantes. Mais on vient de voir que ces deux formes sont interchangeables. M. HULTZSCH avait d’abord traduit (SII., II, p. 109) : « Vijayam of great fame », mais il revint ensuite sur cette première interprétation, pour proposer celle qui est reproduite ci-dessus (El., IX, p. 230 ; cf. note in KIELHORN, List, p. 120, n. 6). Il s’agit évidemment du même pays que dans la charte de Rājarāja I.