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Page:Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, tome 18, 1918.djvu/268

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bes (Malāyur) [1], un passage des Annales des Yuan (Ma-li-yu-eul) [2], et par Marco Polo (Malaiur) [3].

— MAYIRUDINGAM. ° est en tamoul une syncope usuelle de skr. Mahā° en composition : tamoul māmuni = skr. Mahāmuni, tamoul māppirayaltaṇam = skr. mahāvīrya, etc. C’est d’ailleurs de cette façon que M. Hultzsch a expliqué les noms de Māppappālam et Mānakkavāram, qu’il a finalement proposé de traduire par « le grand Pappālam » et « le grand Nakkavāram » [4]. On verra tout à l’heure que la même explication est valable pour Mādamāliṅgam. Cela autorise au moins à chercher si, au lieu de Māyirudiṅgam qui ne rappelle rien de connu, il ne vaut pas mieux lire -Yirudiṅgam, « le grand Yirudiṅgam ». Justement, parmi les quinze Etats dépendant du San-fo-ts’i au XIIIe siècle, Tchao Jou-koua cite un pays de Je-lot’ing [5], dont le nom parait bien correspondre à Yirudiṅgam. Sans doute, le chinois je n’est pas un équivalent très exact du tamoul yi. Mais il est bien évident que la forme chinoise n’est pas une transcription de la forme tamoule : l’une et l’autre sont des tentatives indépendantes pour rendre un nom indigène. Et je crois que dans l’ensemble, l’identification proposée est assez satisfaisante pour avoir quelque chance d’être acceptée.

Diverses localités ont été mises en avant pour le Je-lo-t’ing de Tchao Jou-koua : Schlegel pensait à Jeluton dans l’île de Bangka [6], Gerini proposa à la fois Jelatang au Sud-Ouest de Jambi [7], Jelutong en Johore et Jelutong en Selangor [8]. Ces rapprochements valent ce que valent tous les rapprochements basés sur une simple analogie phonétique entre deux noms géographiques attestés à sept ou huit siècles d’intervalle, c’est-à-dire peu de chose. Mais il y a dans le livre de Tchao Jou-koua un passage qui, sans permettre de localiser exactement Je-lo-t’ing. indique cependant assez clairement dans quelle région il faut le chercher.

On lit en effet dans le Tchou fan tche [9], à propos des dépendances du San-fo-ts’i : « Je-lo-t’ing, Ts’ien-mai. Pa-t’a, et Kia-lo-hi sont de la même sorte (que Tan-ma-ling) » [10]. Les traducteurs, MM. Hirth et Rockhill,

  1. G. FERRAND, Tcxtes arabes, pp. 343, 383, 396.
  2. PELLIOT, loc. cit., pp. 242, 328.
  3. Ed. YULE-CORDIER, II. p. 280 (Cf. p. 283 une hypothèse de LOGAN sur cet r).
  4. SII., III, p. 195 n. 1.
  5. Trad HIRTH-ROCKHILL, p. 62.
  6. T’oung Pao, 1901, p. 134.
  7. Researches, p. 627.
  8. Ibid., p. 826.
  9. Voici la liste des 15 pays dépendant du San-fo-ts’i (trad. HlRTH-RoCKHILL, p. 62) : P’eng-fong, Teng-ya-nong,Ling-ya-sseu-kia,Ki-lan-tan, Fo-lo-an,Je-lo-t’ing, Ts’ien-mai, Pa-t’a, Tan-ma-ling, Kia-lo-hi, Pa-lin-fong, Sin-t’o, Kien-pi, Lan-wou-li, Si-lan.
  10. Ibid., p. 67.