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Page:Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, tome 18, 1918.djvu/270

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Suivant ce texte, appelé assez improprement « Annales de Kědah», qui fut traduit jadis par J. Low [1], et qui vient d’être publié, en transcription latine [2], Lankasuka fut la première résidence fondée par Maroṅ Mahawaṅsa (ambassadeur du pays de Rum envoyé en Chine), après qu’il eût été obligé d’atterrir sur la côte de la Péninsule Malaise, en face de Pulau Sěri (ou Srai). « Ayant quitté son bateau, dit la traduction de J. Low, Maron Mahawaṅsa construisit un fort entouré d’un fossé ainsi qu’un palais et une vaste salle d’audience à laquelle il donna le nom de Lankasuka, parce qu’elle avait été construite au milieu de toutes sortes de réjouissances et de fêtes » [3]. Avant de retourner au pays de Rum, il consacra roi son fils sous le nom de Raja Mahapodisat et donna au pays le nom de Kědah. A cette époque Pulau Sëri était déjà réuni au continent : cette ancienne île est devenue la colline nommée aujourd’hui Gunong Jěrai (Kědah Peak) [4]. Plus tard, le fils de Mahapodisat, Raja Sěri Mahawaṅsa « se fatigua de vivre à Lankasuka qui était maintenant loin de la mer ». Il se fit construire une résidence «plus bas, parce que la rivière y était large et profonde », et il se fit faire un petit palais provisoire en un lieu nommé Srokam [5].

Tous ces faits sont donnés sans aucune date, et entremêlés de récits merveilleux et confus. Mais, ce qui permet de supposer que ce Lankasuka n’est pas une invention de l’auteur des Annales de Këdah, c’est un intéressant renseignement dū à M. Blagden. d’après lequel le nom de Lankasuka est encore vivant dans la mémoire des Malais de la région [6].

M. Pelliot, qui s’est incidemment occupé de cette question dans sa critique du Cambodge de M. Aymonier, a proposé d’identifier le Ling-ya-sseu-kia de Tchao Jou-koua au Lang-ya-sieou du Souei Chou, au Lang-kia-chou de Yi-tsing ( = Kāmalahka de Hiuan-tsang), et de placer ce pays au Tenasserim dont le nom pégouan est Ñankasī [7].

  1. A translation of the Keddah Annals, J. Ind. Arch., III, p. 9 (réimprimé par la Bibliothèque Nationale Vajiranāna. Bangkok, 1908).
  2. Hikayat Marong Maha Wangsa or Kedah Annals, edited by A. J. STURROCK, J. Straits Br. RAS., n° 72 (1916), p. 37.
  3. Texte, p. 45-46. — Trad., p. 9.
  4. Texte, p. 59. — Trad., pp. 168-169.
  5. Texte, p. 64 — Trad. p. 253.
  6. « Langkasuka still lives in the memory of the local Malays. It has developed into a myth, being evidently the « spirit-land » referred to as Lakon Suka by the peasantry of the Patani States, and the realm of Alang-ka-suka interpreted by a curious folk-etymology as the « country of what you will », a sort of fairy land where the Kedah Malays locates the fairy princess Sadong... » (Siam and the Malay peninsula, JRAS., 1906, p. 119).
  7. BEFEO., IV, pp. 406-408.