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Page:Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, tome 18, 1918.djvu/300

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paléographiques rapprochent nettement ce document de ceux qui ont été découverts aux Indes Néerlandaises.

Il est à souhaiter que le nom de Trailokyamaulibhūṣaṇavarmadeva se retrouve dans quelque document chinois, ce qui permettrait notamment de déterminer la date de l’inscription. Cette date pose en effet un problème assez intéressant.

On a vu qu’elle se compose d’un millésime douteux et de la mention de l’année thoh « du Lièvre ». Un fait semble certain, c’est que l’inscription ne saurait guère être postérieure au milieu du XIIIe siècle. On sait en effet que d’après l’inscription de Rāma Khamhëng, la région de Ligor reconnaissait à la fin du XIIIesiècle la suzeraineté du roi deSukhodaya. Mais la conquête, parles Thaïs, de la partie septentrionale de la Péninsule Malaise doit remonter plus haut, puisqu’en 1295, d’après le Yuan Che [1] « les gens du Sien (c’est-à-dire les Thaïs de Sukhodaya) s’entretuaient depuis longtemps avec les Ma-li-yu-eul (c’est-à-dire les gens du Malayur : Sumatra ou le Sud de la Péninsule) ». Dans ces conditions, il est hautement improbable qu’après le milieu du XIIIe siècle une inscription ait pu être gravée à Jaiya au nom d’un souverain qui, s’il n’était pas le roi de Palembang, n’était certainement pas un prince thaï.

Mais si cette inscription est antérieure au milieu du XIIIe siècle, elle remet en question l’histoire du cycle duodénaire et des noms des animaux cycliques au Cambodge et au Siam. C’est l’inscription de Rāma Khamhëng qui nous a fourni jusqu’à présent le plus ancien exemple de l’emploi du cycle duodénaire [2] et des noms actuellement en usage. Or à la même époque, les Cambodgiens. selon Tcheou Ta-kouan (1296). désignaient les animaux cycliques par des noms empruntés à leur propre langue. On voit l’intérêt qu’il y aurait à pouvoir dater exactement l’inscription du Buddha de Jaiya. Si elle remonte au XIIe siècle, elle recule d’un siècle le premier témoignage de l’emploi du cycle, et contredit absolument les dires de Tcheou Ta-kouan.


STATUE DE BUDDHA ORIGINAIRE DE JAIYA.
STATUE DE BUDDHA ORIGINAIRE DE JAIYA.
STATUE DE BUDDHA ORIGINAIRE DE JAIYA.
  1. BEFEO., IV, p. 242.
  2. L’inscription de Phnom Bakhèn que M. Aymonier datait 1205 ç. année mame « de la Chèvre » ne saurait être invoquée. Cf. une note de M. Finot in T’oung Pao, 1906, p. 62 n. 2.