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soit d’accord, sur tous les points, avec MM. Baty et Chavance, et le groupe d’historiens qui a voulu créer ce Bulletin ne saurait prendre à son compte toutes les opinions et les préférences exprimées par ces deux auteurs : leur vue synthétique est personnelle jusqu’au paradoxe ; leurs partis pris sont parfois agressifs et irritants ; à chaque page de leur livre les objections se dressent dans l’esprit du lecteur ; la disproportion entre l’importance qu’ils accordent à tel maître du théâtre et la place exiguë qu’ils réservent à tel autre peut choquer et scandaliser. Mais ils ont eu un beau dessein qui pouvait paraître chimérique et qu’ils ont pourtant mené à bien : ils ont voulu retracer le chemin continu qu’a suivi le développement du théâtre depuis ses origines les plus lointaines jusqu’aux jours mêmes que nous vivons ; ils ont fait tenir en trois cents pages cet itinéraire schématique qui, sous leur plume alerte et nerveuse, n’a rien de sec, d’aride, ni d’entassé, d’opaque ou de confus.

Pour soutenir jusqu’au bout cette entreprise téméraire, il fallait non seulement de la vigueur d’esprit et l’aptitude à dominer de haut une documentation écrasante ; il fallait aussi des idées directrices auxquelles les deux auteurs fussent attachés, non point par quelque molle adhésion purement intellectuelle, mais par un sentiment puissant qui tînt aux fibres mêmes de leur être ; ils ne pouvaient donner à cette masse de faits une forme puissamment articulée, frappante, vivante, qu’en les subordonnant impérieusement à une vue d’ensemble fondée sur quelques conceptions bien arrêtées : la partialité était ici la condition même de la synthèse — et sa rançon. Or ces conceptions se trouvent, dans leurs principes, si voisines des nôtres, elles nous apparaissent comme si nécessaires à la compréhension essentielle de ce qu’est le théâtre, que les divergences dans l’application, les opinions de détail les moins soutenables, les