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fautes d’équilibre et les injustices semblent de peu de poids à côté du fait que ce livre existe et qu’il était nécessaire.

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Tout le sens de l’ouvrage se trouve résumé dans les dernières pages du chapitre final où les auteurs montrent comment

« … dans l’évolution du théâtre, se dessinent deux courants parallèles : l’un, qui découle des origines et qui est le plus nettement théâtral, donne toute l’importance au jeu, au rythme, à la musique, aux lignes et aux couleurs, c’est-à-dire à l’acteur et au spectacle… L’autre, qui apparaît plus tard, donne toute la place au texte, n’admet que par surcroît les éléments spectaculaires ou mimiques, et réduit l’art dramatique à un genre littéraire… L’art théâtral ne prend toute son ampleur, ne devient lui-même que lorsque les deux courants se marient, comme la trame et la chaîne ne tissent l’étoffe qu’en se croisant. Alors tout s’équilibre, le texte n’accapare plus toute la place et les éléments spectaculaires n’empêchent pas le texte de garder sa pleine valeur. »

Voilà, magistralement posée, la question primordiale de la définition du théâtre, dont tant d’érudits d’un côté, de l’autre tant de professionnels de la scène n’ont voulu voir qu’un élément, celui vers lequel les portaient leurs préférences. Cet équilibre miraculeux ne s’est pas souvent réalisé. Trois fois seulement, assurent MM. Baty et Chavance, dans « la tragédie athénienne, le mystère de la chrétienté, le drame élisabéthain ». D’autres fois, l’un des éléments règne seul et absorbe l’autre : l’élément scénique, dans les représentations liturgiques des primitifs, la commedia dell’arte, le ballet, la pantomime, la féerie, les récentes tentatives des metteurs en scène étrangers ; l’élément litté-