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Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 1, n°4.djvu/15

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tient des détails sur le privilège accordé à Molé. — La lettre signale que deux représentants de la municipalité havraise assistent en écharpe aux représentations, gratuitement bien entendu, ce qui n’est guère avantageux pour le directeur : à Rouen, les membres de la municipalité qui aiment le théâtre y vont en payant, « comme tout le monde » ] (23 juillet 1790).

Dénonciation de plusieurs citoyens (Le Picquier, Degaulle, de Martonne, Bailleul, etc.). — « Nous avons l’honneur de vous dénoncer le spectacle de ce jour comme contraire à l’esprit de la Révolution qui régénère la France. Richard Cœur-de-Lion, opéra odieux depuis l’orgie de Versailles, devrait être proscrit du théâtre de la Nation jusqu’après la perfection de notre Constitution. Le District du Village est la critique la plus insidieuse de l’établissement des districts et des municipalités. Ne permettez pas qu’on joue une pièce qui compromet le respect et la subordination due aux nouvelles administrations. Nous nous en rapportons au jugement de MM. Piel et Morel, qui ont assisté à la première représentation : elle fut sifflée par les bons citoyens. Nous pensons que ces représentations peuvent compromettre la tranquillité publique et nous vous prions de donner des ordres pour que le spectacle annoncé soit changé » (29 août 1790).

Réponse d’Honoré Bourdon. — « Le Théâtre est tellement embarrassé, qu’il est physiquement impossible de le disposer pour donner ce soir La Caravane. Tous les sujets étant absents, il ne m’est pas moins impossible de déterminer sur-le-champ la pièce que je substituerai à celle de Richard. Je vous supplie donc, Messieurs, de ne pas trouver mauvais que je n’annonce le changement de spectacle qu’à la levée du rideau. Rien n’empêche de donner Les Deux Tuteurs ; on commencera par cette pièce, et pendant qu’elle se jouera, je pourvoirai aux moyens d’en donner une seconde de trois actes à la place de Richard » (même jour).

Supplique de Charles-Antoine Bourdon, demandant confirmation de son privilège (qui doit expirer en 1821) et délibération du Corps Munic. — Ch.-A. Bourdon se fonde sur la cession qui lui a été faite par Honoré Bourdon et la Montansier et sur les frais entraînés par l’édification de la nouvelle salle (terminée le 1er septembre 1790). Il signale le tort que lui font les forains, et cite le privilège accordé à Molé par Rouen. — Les Autorités, avant de faire droit à sa demande, exigent la preuve de la cession. Puis on lui accorde son privilège, sauf pour ce qui est des petits spectacles (21 sept. 1790).

Proclamation de la Police munic. relative aux spectacles de la ville.