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été si populaires. Très utile petit livre, spécialement recommandé aux travailleurs des départements, qui rencontreront sans nul doute ces pièces au cours de leurs recherches les troupes de province les colportèrent par toute la France jusqu’à la Révolution, et peut-être encore après.

CHEZ NOS ÉTUDIANTS. Faisant succéder le XVH! siècle au moyen âge, un autre groupe d’étudiants de la Sorbonne a organisé un spectacle dont l’intérêt gravitait autour du Mariage de Figaro, ouvrage inscrit au programme de la licence. La pièce de résistance était //e des Esclaves de Marivaux, où, dès 1725, une fiction assez habituelle à la comédie du temps donnait matière à des revendications dont la hardiesse était tempérée par la profonde bonté et l’indulgence désabusée du dramaturge philosophe. On n pas assez remarqué que l’inégalité des conditions, plus encore que la peinture de l’amour naissant ou déciinant. est un thème qui a constamment préoccupé et presque obsédé Marivaux cette ite où les esclaves commandent à leur tour et font suivre de force à leurs maîtres un cours d’humanité annonce de loin les plus audacieuses impertinences du joyeux barbier. Dans Heureusement, de Rochon de Chabannes (1762), c’est le type de Chérubin qui, sous le nom de Lindor, est gracieusement esquissé entre sa jolie parente, M"~ Lisban, et l’accorte Marton, Lindor évolue comme Chérubin entre la comtesse et Suzanne, avec deux ou trois ans de plus, une galanterie déjà plus éprouvée, et plus sèche aussi. Ce petit acte, tiré d’un conte de Marmontel, est versifié avec une facilité un peu banale, mais agréable ici, on croirait plutôt une copie un peu pâlie, et pourtant cette bluette a précédé de vingt ans l’original que nous connaissons tous.

Avec les Bottes de sept lieues, nous avons affaire à une de ces parades bouffonnes que Beaumarchais composait pour les joyeuses fêtes données par Le Normand d’Etiolles si hautes en couleur qu’elles fussent, disait-il plus tard, les jolies femmes les supportaient fort bien dans le demi-jour d’un salon peu éclairé, le soir, après souper. Elles disaient seulement que j’étais bien fou Celle-ci reste assez décente, et quelques équivoques un peu risquées se perdent au milieu des calembours, des lazzis et des cuirs qui, traditionnellement, émaillent le dialogue. Ainsi trois aspects de cette comédie multiforme qu’est le Mariage apparaissent déjà dans ces trois petits ouvrages qui l’ont précédée. Ce qui s’y ajoutera, et ce qui en fera le principal attrait, c’est tout ce que Beaumarchais mettra de sa propre vie, et de son propre tempérament