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Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 2, n°5-6.djvu/13

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Et la scène 13 nous offre une satire du rôle d’Orosmane Zaïre s’écrie Eh pourquoi mon amant n’est-il pas né Français? Etourdi, petit-maître, indiscret, plein d’audace, Prenant les ca°urs d’assaut comme on prend une place, Effronté, violent, jaloux et furieux,

S’il était de Paris, que serait-il de mieux)

Orosmane lui-même se définit ainsi à la scène 14 On vous ne savez pas ce que c’est qu’Orosmane. Comme un caméléon, il approuve, il condamme,

Il adore, il déteste, il jure, il se repend,

Et vingt fois dans un jour change de sentiment. Oui, c’est là chez les grands comme l’amour se mène. On voit que les principaux défauts de la pièce (fragilité de l’intrigue, invraisemblance de la reconnaissance, inexactitude de la couleur locale) ont été fort bien saisis par les contemporains, et c’est surtout à ce titre que cette petite pièce, restée si longtemps inédite, peut nous intéresser. C’est de l’ouvrage de Dominique, Romagnesi et Riccoboni que se rapproche le plus la parodie manuscrite. Celle de l’abbé Nadal, assez mordante et qui excita fort l’humeur de Voltaire, se présente sous une forme qui nous paraît aujourd’hui bien froide les cinq actes de la tragédie paraissent successivement devant Melpomène et se définissent eux-mêmes. Quand à Caquire, je voudrais bien pouvoir en parler, mais c’est une entreprise difficile. Le catalogue Soleinne la qualifie fort justement de «’ta plus sale de toutes les pièces de ce genre ce n’est qu’un ramassis d’obscénités et d’ordures. Tous les vers de Voltaire sont déformés de façon à faire allusion aux fonctions les plus basses de l’humanité, et cela dure pendant cinq actes, car ici, au lieu d’abréger, on n’a pas craint de consacrer deux mille vers à cette fantaisie dégoutante. L’auteur n’en a pas encore été nettement identiné le catalogue Soleine, le Dictionnaire des Anonymes de Barbier et M. L. Vallas, Un siècle de Musique e< de Théâtre à Lyon ne sont d’accord ni sur le nom, ni sur la personne. Mais, quel qu’il soit, on reste confondu à la pensée que cette pièce a pu être jouée à Lyon par des acteurs de société, qu’elle a connu au moins deux éditions, car la description donnée par le catalogue Soleinne ne se rapporte pas exactement à l’exemplaire que possède la collection Rondel. Les rares passages qui témoignent de quelque esprit ne sont pas citables à cause des grossièretés qui surgissent à chaque vers. Les costumes, minutieusement décrits, donneront une idée du ton de la pièce Cucuman (Orosmane), en habit turc, avec un turban formé d’un bassin d’étain de chaise percée.