Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 3, n°5-6.djvu/13

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Il ne s’agit pas de relever surtout l’exceptionnel. Tout nous manque, la connaissance de l’usage des mots, la connaissance du moment où ils se sont établis dans la langue. Car tout ce que nous savons à l’heure présente est fondé sur des dépouillements si restreints que tout ou presque tout est sujet à révision. Un ou deux exemples suffiront à le montrer. Soit l’adjectif maigrelet l’historique du Littré ne donne rien et le contenu de la partie suivante de l’article ne permet pas de se rendre compte de l’usage qui a été fait de ce mot depuis le xvn" siècle le Dictionnaire Général, plus précis, le signale pour la première fois dans Cotgrave, en 1611 or Ronsard l’a déjà employé dans une Folastrie en 1553.

Ce que disent les répertoires et d’autres nous laisse dans une complète obscurité sur la date où apte a été introduit en français pas un exemple au XV!" siècle dans le Littré; rien nulle part ailleurs. Or le mot se trouve à la fois dans le prologue d’Amadis des Gaules, dans la préface de la 2e édition de l’Olive et chez Ronsard.

Parmi les sources, le théâtre est certainement une des plus riches. N’est-ce pas l’usage qu’il fait d’un mot qui est la meilleure preuve que ce mot est devenu usuel ? Que l’on songe à l’importance de t’œuvre de Molière pour la connaissance du français du xvn~ siècle et aussi de notre français.

N’est-il pas curieux que les jurons corbleu, morbleu, parbleu, tétebleu, ventrebleu, soient tous pour la première fois chez Molière ? La découverte de Mlle Droz (Cf. Bulletin, 1935, p. 49 sq.) est aussi importante pour l’histoire du français que pour celle du théâtre. Or si notre théâtre, des siècles passés jusqu’au xvme, a été quelque peu étudié au point de vue lexical, l’énorme production des XtX~ et xxe siècle reste une terre à peu près vierge.

Je n’ai pas parlé de l’argot du théâtre qui a son intérêt comme tout argot et qui peut fournir à la langue générale voyez par exemple l’acception de four = insuccès d’une pièce, relevée récemment à la fin du XVH~ siècle, par M. Mélèse, dans les comptes de La Grange. Mais l’argot, tout de même, est une fioriture bien plus important est ce que peut nous apprendre le théâtre sur l’histoire du français. Et je n’ai parlé que du texique qu’on n’oublie pas ce qu’on peut y apprendre sur la grammaire. Oscar BLOCH.

N. D. L. R. Nous nous associons bien volontiers au vœu de notre savant confrère la Société serait heureuse de faire œuvre utile dans ce