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Page:Bulletin de la société des sciences historiques et naturelles de la Corse, fasc. 352-354, février 1913.pdf/82

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La Consulte de Caccia

Corse un soldat. Les levées étaient maintenues ; des règles étaient tracées pour les rassemblements et pour les marches, et des peines étaient spécifiées contre ceux, officiers ou soldats, qui ne répondraient pas à l’appel. Mais la troupe soldée avait cet avantage d’être prête à toute réquisition. Les populations se trouvaient déchargées d’autant, et l’on parait aux désordres qui accompagnaient trop souvent les levées improvisées.

Il y avait de ce fait une augmentation d’impôts : deux livres par feu au lieu des vingt-six sous fixés à Orezza. Mais quel peuple au monde ne payait des impôts plus lourds ? Ici les fonctions publiques étaient temporaires, et les chefs c’est à dire les hommes influents, les remplissaient à tour de rôle sans rétribution. Grâce à leur dévouement, les Corses avaient une administration qui ne leur coûtait guère. Raison de plus pour qu’on exigeât rigoureusement la taxe établie. Les garnisaires triompheront, s’il le faut, de la mauvaise volonté des contribuables. Mais le bilan des recettes et des dépenses, qui se publiera tous les six mois, fera connaître à tous le bon emploi des deniers publics.

Ainsi, finances, armée, police, justice prompte et sévère, la consulte de Caccia avait tout organisé. Le nouveau gouvernement recevait, pour accomplir son œuvre, un instrument tel qu’aucun gouvernement n’en avait possédé avant lui. Le principat, que Grimaldi avait voulu tuer, vivait encore et Pascal Paoli, avait en mains ce qui était nécessaire pour panser ses blessures et l’orienter vers de nouvelle destinées.

Car le passé est fini. Gênes considérait les Corses comme des sujets, et ceux-ci jusqu’à présent n’y contredisaient qu’à moitié. « Sudditi naturali », disaient les Génois. « Sudditi convenzionati », ripostaient les Corses. On discutait sur ces deux adjectifs. La consulte de Caccia changea la question. « Nous transférons,