Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1830-1831.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de six siècles et de trente siècles d’existence et sur les rochers qui les supportent, rochers qui deviennent ici pour nous les monumens historiques du dernier mouvement méditerranéen[1].

L’auteur pense que ce phénomène des sillons par la constance et la simplicité de sa cause est plus propre à l’appréciation des temps que cet des attérissemens et d’autres accidens de cette nature dépendans de causes multipliées et variables dans leur intensité.

Continuant à suivre le but qu’il s’est proposé, l’auteur reconnaît, dans l’intérieur des continens et à une grande hauteur au dessus du niveau de la mer, des surfaces couvertes de ces sillons dirigés suivant les lignes de plus grande pente. Saussure et plusieurs autres géologues les avaient observés dans les Alpes et les Apennins sans saisir leurs rapports avec les phénomènes littoraux.

Ces sillons de l’intérieur, et les petites cavités qui les accompagnent, montrent par la forme émoussée des arêtes et la pellicule végétale qui les recouvre que toute érosion a cessé depuis long-temps. Ils ne diffèrent de ceux des rivages actuels que par de plus grandes dimensions. Partout où ils existent vous pouvez être sur de trouver des traces de soulèvemens plus ou moins récens et au dessous des indices d’anciens rivages, ou les limites supérieures du terrain tertiaire.

On peut résumer ainsi les observations contenues dans cette note. Une puissante action érosive s’exerce sur les rivages ; il en résulte un talus sous-marin et une zône de cavités et de cavernes à formes particulières, là où les rivages sont très-escarpés, et dans le contraire une zône de roches profondément carriées ; en outre, au dessus de la limite que la lame peut atteindre, existe une zône blanche couverte de petites aspérités et de sillons dirigés suivant les lignes de plus grande pente dont l’érosion est due à des causes encore actives. L’intérieur du continent présente des phénomènes tout-à-fait analogues, et si l’on observe qu’ils sont accompagnés de preuves incontestables as l’existence d’anciens rivages, on sera conduit à les attribuer à des actions littorales analogues aux précédentes. ce sont donc de nouveaux caractères qui pourront souvent servir à retrouver la trace des rivages anciens ; les sillons, indice de surface continentale, pourront, par suite de leur indestructibilité, éclaircir la question du retour de la mer sur les continens, en même temps que l’examen de leur surface, dans le cas où elle

  1. Il est important de rappeler qu’il n’est question dans cette note que des marbres et des calcaires compactes. Les calcaires grossiers éprouvent dans toute situation une décomposition rapide par l’action des agens atmosphériques.