Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/130

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Ces malheureux Aquitains auront en partie pérl dans ces grottes et des cours d’eau y pénétrant postérieurement, auront confondu leurs ossemens avec les limons, les graviers, et les débris d’animaux qui déjà étaient enfouis dans quelques unes, peut-être bien long-temps avant eux. Une pâte stalagmitique aura depuis, en certains endroits, comme à Bise, cimenté le tout en agrégats solides ; les os d’ours et de cerfs, des lits inférieurs avec les os humains, les poteries brisées, les coquilles terrestres, et les os d’animaux modernes, du limon noir superficiel. L’abaissement irrégulier de la voûte aura produit sur certains points un contact, et une adhérence égale des différeras dépôts aux parois de la roche.

Cette explication est d’autant plus naturelle, que l’examen de plusieurs cavernes montre, même sans parler du fait des éboulemens qu’on y voit si fréquemment, la trace évidente de différens cours d’eau séparés par des intervalles de sécheresse, des lits de graviers ossifères, alternant jusqu’à trois fois avec des couches de stalagmites (cav. de Schockier, près de Liège). Les premiers limons ont été d’ordinaire tumultueusement introduits et déposés en lits très sinueux dont la surface ondulée a été irrégulièrement recouverte de limons plus modernes. Des courans moins violens passant ensuite sur ces couches, tantôt les ont uniformément recouvertes d’un même sédiment, tantôt ils ont disséminé les corps gissans à la surface des limons plus anciens, et les ont entassés dans les anfractuosités du sol inférieur ; tantôt enfin, enlevant une tranche horizontale de tous ces dépôts, ils ont dû mettre à nu, et en apparence, à un même niveau géologique, des corps appartenant à des époques et à des couches en réalité très diverses. Ces différend âges de graviers et de limons en lits ondulés se voient très bien dans la plupart des cavernes du midi de la France, dans celles de Bise, de Sommières, etc. ; et les alluvions récentes prédominent même dans quelques unes. La surface très inégale du limon ossifère est un fait qui s’observe dans beaucoup d’autres cavernes, quoiqu’on ne l’ait pas assez remarqué. M. Desnoyers l’a vu de la manière la plus évidente dans la caverne de Banwell, dans les Mendips, en Angleterre, M. Bertrand-Geslin l’a signalée dans celle d’Adelsberg.

Recourant de nouveau à la comparaison des témoignages historiques et géologiques, M. Desnoyers fait observer qu’un grand nombre de cavernes du Périgord, du Sarladais, du Quercy, de la Guienne, provinces qui faisaient partie de la Gaule aquitanique, telle qu’elle fut limité par Auguste, montrent en effet des traces