Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/15

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et lacustres, 4° de la tourbe noire ou brune à racines, 5° de la tourbe compacte bitumineuse sans débris de végétaux et à fer phosphate ; 6° de la tourbe brune à restes d’arbres, tels que des feuilles et des fruits de noisetiers, des branches et des troncs de coudrier, de bouleau, d’aulne. D’après la collection de M. Graves, il y a aussi des bois de cerf, de chevreuil, de cheval, de castor et d’aurochs, 7° de la tourbe sableuse, 8° de l’argile brune ou grise ;

Le village de Laversine offre, au-dessus de la craie, un lambeau très-petit d’un dépôt calcaire coquiller qui occupe, d’une manière fort intéressante, les momens de la Société.

Ce calcaire est compacte, poreux ou friable, blanchâtre ou jaunâtre et plein de fossiles, la plupart en moules, tels qu’une espèce de Lime voisine de la Lima plicara de la Tourraine, une Arche voisine de l’Arca clathrata du même pays, des Lucines, des Cerithes, des Trochus, des Turbos, des Pleurotomaires, des Cranies, des Cidarites, des Polypiers, des Spiropores, etc. Il forme un escarpement de vingt à trente pieds de hauteur, et a environ cent mètres de long sur vingt de largeur. Il est divisé en bancs peu distincts ; néanmoins lorsqu’on peut y apercevoir les joints de stratification, l’inclinaison est au S. O. sous 15°, tandis que la craie, qui ressort à vingt pas de là, incline distinctement au S.

La masse inférieure du dépôt est plus compacte et renferme quelquefois des petits nodules irréguliers d’un silex corné grossier et se fondant avec la masse du calcaire, tandis que supérieurement elle est plus tendre, plus jaunâtre et pétrie de Limes.

Ce dépôt repose positivement sur la-craie à Bélemnites, puisqu’on la découvre dans le fond d’une des excavations faites dans ce calcaire, dont elle est séparée par un petit lit d’un pouce environ de marne calcaire. De plus, la craie se montre clairement jusqu’à la surface du sol, dans un puits creusé à cinq pas du pied de l’escarpement du calcaire problématique. Enfin la craie se montre au jour à vingt pas à l’ouest ; tous les caveaux d’une grande partie du village sont creusés dans cette roche, et la plus petite portion du hameau est bâtie sur le calcaire coquiller, qui a été aussi miné pour des celliers. Il paraît donc clair qu’on a là, sur le bord d’un vallon très-évasé, un petit lambeau d’un dépôt placé en stratification discordante sur la craie, et adossé contre une pente du vallon, ou pour parler géologiquement, dans une petite anfractuosité d’un rivage crayeux. Il s’agissait maintenant de déterminer l’âge de ce dépôt ; les fossiles et la nature minéralogique de la roche pouvaient être les seuls guides. Tout le monde avoue que ce n’est pas du calcaire tertiaire parisien, puisque la roche n’en présente