Aller au contenu

Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

noire remplissent des anfractuosités ou cavités de calcaire des Alpes, et qu’ils recèlent des restes d’éléphans, d’ours, de cerfs. de chevaux, etc. Ces faits ne sont-ils pas trop particuliers, et ne se retrouvent-ils pas dans trop d’endroits pour pouvoir se plier à ces explications plus ou moins ingénieuses, par lesquels on fait arriver ces poteries et ces os humains dans les cavernes depuis les temps historiques ? Certes ces antres ont pu servir de repaire à plus d’une race d’hommes ; mais si ces ossements proviennent des anciens Gaulois, des Romains on des peuplades conquérantes du moyen-âge, les têtes offriraient les types de toutes ces races ou de l’une d’entre elles. Or, lorsqu’on a eu le bonheur de recontrer des têtes comme à Vienne, il s’est trouvé quelquefois que leur forme se rapprochait de celle des têtes propres aux races africaines ou nègres, et s’éloignait de la forme des crânes européens. Les têtes des Gaulois et des races actuelles peuvent aussi y avoir été découvertes ; c’est un fait à établir.

L’an passé j’ai parlé des ossemens humains trouvés à Kostritz, en Saxe, par MM. de Schlotheim, de Sternberg et Schottim, et dans la marne fluviatile des bords du Rhin et du Danube. Cer têtes découvertes en Autriche, et dont une se trouve dans la collection du Jardin des Plantes, ont été rapprochées de celles des Caraïbes ou des anciens habitants du Pérou et du Chili, Maintenant, je le demande, ces données zoologiques militent-elles en faveur de l’existence de l’espèce humaine pendant l’époque alluviale ancienne ? Ne serait-il pas probable, à priori, que l’Europe ayant encore pendant cette période un climat équatorial, les hommes qui l’habitaient devaient être des races semblables à celles qui vivent présentement entre les Tropiques, tels que les Nègres, les Éthiopiens et les Caraïbes ? Les ossemens d’autres races humaines se retrouveront peut-être dans d’autres parties du globe, qui jouissaient déjà, lors du dépôt des alluvions anciennes, d’un climat moins chaud que l’Europe.

Dire que ces têtes étrangères aux races européennes ou caucasiques ne sont que des restes de cimetière ou d’êtres malades, c’est faire des hypothèses sans tenir compte des détails des localités et de ces découvertes d’ossements. Non, plus nous avançons, plus il semble que les probabilités augmentent en faveur de l’existence d’une race humaine particulière lors de l’époque alluviale ancienne, idée que quelques géologues ou savans, tels qui Pallas, Prichard, avaient presque entrevue, puisqu’ils pensaient