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Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/253

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Société a observé près de Saint-Germer et Goincourt, entre Gournay et Beauvais ; un dépôt tourbeux intéressant sous plus d’un rapport. On y voit une représentation parfaite, durant la période actuelle, des argiles à lignites fluviatiles ou lacustres d’un âge plus ancien. Cette tourbe, pénétrée d’une aussi grande abondance de fer sulfuré que les lignites tertiaires de Picardie, est de même exploitée pour en extraire de l’alun et du vitriol. Ce lignite pyriteux acquiert une épaisseur de 20 pieds et présente plusieurs alternances d’argiles, de galets, de graviers, et de lignite compacte ou friables ; des ossemens de bœuf, de cheval, de cerf et de chevreuil se rencontrent abondamment dans les différens lits. On y voit un amas d’arbres renversés formant une sorte de couche, et parmi lesquels on reconnaît des saules, des noisetiers et des bouleaux. Nous visitâmes, M. Prévost et moi, ce même dépôt, il y a cinq ou six ans, et nous fûmes frappés de l’étonnante similitude que l’ensemble de ces couches offrait avec les argiles à lignites du Soissonnais, et même avec certains lignites d’argiles de la formation jurassique, quoique d’un âge si différent… À la vérité, le dépôt de Beauvais est exclusivement continental et sans nul mélange marin, dont on voit tant d’exemples dans plusieurs baies des deux rives de la Manche.


IIe série. ─ terrain diluviens.


§ 11. — Que doit-on entendre par dépôt ou terrain diluvien faut-il le considérer comme résultat d’une cause unique et générale qui séparerait d’une manière tranchée les époques géologiques de l’époque historique ? Est-ce au contraire le produit de plusieurs inondations, de causes variables suivant les temps et les localités ? Et faut-il admettre un passage insensible des temps anciens à l’époque actuelle qui présenterait les mêmes lois et la plupart des mêmes phénomènes que les autres périodes géologiques ? M. Tournal, en nous rappelant cette difficile alternative, objet de tant de discussions, s’est prononcé pour la seconde opinion, celle qui a gagné le plus de partisans, après avoir été long-temps soutenue par un de vos membres, M. C. Prévost. Il vous a aussi exposé la difficulté de préciser rationnellement la valeur et les limites du mot fossiles, dans le but de déterminer que les os humains trouvés par lui et par quelques autres géologues du midi de la France, dans les cavernes à ossemens, étaient bien fossiles et contemporains des espèces éteintes avec lesquelles ils ont été découverts.

D’un autre côté cependant, la destruction de ces mammifères