Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/270

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j’en l’application directe à un ensemble de terrains que je proposai d’appeler provisoirement quaternaires, invoquant, à l’appui de cette distinction nouvelle, la considération des ossemens de mammifères, des polypiers, des coquilles, et surtout de la superposition directe. Accueillies d’abord avec une défiance naturellement produite par leur nouveauté, ces observations et leurs conséquences n’ont pas tardé à être confirmées par l’adhésion ou les observations personnelles de MM. C. Psévost, Lyell, de Beaumont, Boué, Dufresnoy, de Studer, d’Omalius, Sedgwick, de La Bèche, Hoffmann et de quelques autres géologues[1].

Mais il n’en est pas, en cette matière, de plus imposante que celle de M. Brongniart, du géologue qui, le premier, a donné aux terrains tertiaires toute leur importance, et en a distingué de nombreux types devenus classiques. En admettant décidément, comme il vient de le faire dans son dernier Traité et dans son Tableau géologique, que les faluns de la Loire sont postérieurs au terrain d’eau douce le plus récent de la Seine, M. Brongniart entraine à leur suite, dans cette série moderne, par une conséquence inévitable, quoique non exprimée, une grande partie des terrains tertiaires de la Gironde, des Landes, de l’Hérault, du Rhône, de l’Autriche, de la Pologne, des collines subapennines, de la Sicile, et d’autres bords de la Méditerranée ; en un mot les deux groupes les plus récens de M. Deshayes.

Qu’on ne se méprenne point, en effet, sur l’état incohérent des faluns de la Loire, qui pourrait faire supposer un trouble, un remaniement postérieur des fossiles de différens âges, un dépôt tout superficiel facile à confondre, sans conséquence, dans la série. des terrains meubles : ce serait, selon moi, une grave erreur.

La grande masse des coquilles marines y est toute spécifiquement différente de celles des deux étages parisiens : sur quatre cents espèces environ, à peine en voit-on une vingtaine d’analogues. Les coquilles terrestres ou fluviatiles y sont dans le même état de fossilisation que les coquilles marines ; les ossemens de grands mammifères terrestres (mastodonte, rhinocéros, hippopotame, etc.) dans le même état que les os de cétacés, et ils sont recouverts les uns et les autres de polypiers encroûtans, de serpules, qui

  1. En adoptant le mot quaternaires, M. Marcel de Serres semble l’avoir restreint aux seuls terrains récens, formés depuis que les mers sont dans leurs limites actuelles. Je l’avais appliqué à tous les terrains postérieurs à l’ensemble des terrains tertiaires de la Seine, si généralement pris pour types.