Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/287

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avec beaucoup de vraisemblance, le passage insensible du grès, dont dépend immédiatement l’amas salin à celui du grand système de grès de la Catalogne, assez analogue au grès à fucoïdes des Carpathes et des Apennins. Il a de plus montré que le sel recouvrait le terrain de craie à Nummulites. On ne devrait donc, en tous les cas, le considérer que comme plus moderne, et c’est, en définitive, l’opinion laquelle s’est arrêté depuis M. Dufresnoy. La formation du sel, dans cette contrée, lui paraît coïncider avec un âge de soulèvement plus moderne que celui de la principale chaîne, et contemporain au contraire de l’apparition des ophites, qui dans le nord accompagne et peut avoir déterminé le dépôt des gypses.

Une circonstance qui pourrait apporter quelques nouvelles données à la question, est le gisement des grands amas salifères et gypseux des Alpes autrichiennes, de Hall, d’Ischell, de Halleim, d’Aussée et de Halstadt, que MM. Sedgwick et Murchison classent dans les couches oolithiques, tout-à-fait supérieures, au contact du grand système de calcaire alpin récent représentant pour la plupart des géologues le sable vert et la craie. Ce dernier terrain montre en Bavière une certaine analogie pour les fossiles de genres tertiaires avec les roches du pied des Pyrénées, que M. Dufresnoy rapporte également à la craie.

Mais si, comme il est très probable, le sel et le gypse ont été généralement formés et introduits postérieurement au dépôt des roches qui les enveloppent, par la voie ignée, soit par sublimation, soit pour certains gypses, par cémentation de calcaires plus anciens, et par l’évaporation de gaz acides, comme il s’en produit encore dans les mers actuelles sous l’influence de volcans sous-marins, dans le golfe de Corinthe, de Santorin et ailleurs, cette introduction peut s’être manifestée à plusieurs époques, ou bien dans le même temps, s’être arrêtée à différens étages. C’est ainsi que les dépôts salifères habituels au grès bigarré et au keuper ; celui de Bex dans le lias ; le sel et le gypse des Alpes autrichiennes et des Carpathes entre l’oolithe supérieure et le Green-Sand, ou dans cette dernière formation elle-même ; le gypse et le soufre de Pologne dans la craie, selon M. Pusch ; dans le sol tertiaire, selon M. Boué ; le sel de la Catalogne dans la craie ou dans les terrains tertiaires ; celui de Wieliska et de la Transylvanie dans les terrains tertiaires, pourraient n’être pas contemporains des roches auxquelles ils paraissent subordonnés.

Cette difficulté de fixer l’âge des dépôts de gypse, de soufre et de sel gemme, dans quelque formation qu’ils semblent intercalés,