Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/334

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dont le dépôt limoneux ossifère se forme encore tous les jours.

M. Virlet passe ensuite en revue toutes les hypothèses par lesquelles on a cherché à expliquer la formation des cavernes, et il reconnaît que si elles ne sont pas même admissibles pour le cas de roches solubles, comme les calcaires, elles le seront encore bien moins pour des roches phylladiques anciennes de la nature de celles de Sillaka. En effet, dit-il, comment concevoir que les eaux d’un lac, d’un torrent, etc., etc., de quelque nature qu’elles fussent, auraient pu se creuser un passage à travers des montagnes d’une épaisseur immense, comme ces canaux souterrains qui existent en grand nombre en Morée et dans la Grèce continentale, si ces canaux n’avaient pas existé préalablement ?

Pour arriver à une explication probable de la formation de la caverne de Sillaka, et expliquer cette préexistence, M. Virlet a recours à un autre ordre de phénomènes ; il suppose que la plupart des cavernes ont bien pu n’être dans le principe que des fractures ou fissures occasionnées par quelques actions volcaniques, telles que de violentes secousses de tremblemens de terre ; que ces fissures, dans quelques circonstances, sont devenues des espèces de cheminées par où se dégageaient les gaz produits par l’action intérieure des volcans. Ces gaz, soit qu’ils aient été muriatiques, fluoriques, sulfureux, etc., etc., élevés à une très haute température par le fait seul de leur propre formation, ont très bien pu, par une action plus ou moins prolongée, altérer les roches qu’ils avaient à traverser, quelle que fût d’ailleurs leur nature.

M. Virlet rapporte à ce sujet un fait qu’il a eu occasion d’observer dans l’isthme de Corinthe, et qui prouve très bien la possibilité de ces altérations pour des roches autres que les calcaires ; des jaspes et des silex y sont journellement corrodés et dénaturés par l’action prolongée de gaz souterrains, arrivant à la surface avec une température encore très élevée. Il regarde ces gaz comme le résultat d’une action volcanique qui se manifeste depuis long-temps dans le voisinage, et à laquelle sont sans doute dus les trachytes d’Égine, de Méthana et de Paros ; cette action continuerait à se manifester aujourd’hui d’un côté par ces dégagemens de gaz, de l’autre par la production des eaux chaudes de Loutro[1], situées aussi dans l’isthme, et par les eaux thermales sulfureuses de Méthana.

M. Virlet admettant ensuite que ces fentes corrodées ou non

  1. Le mot Loutro est un mot générique, employé en Grèce pour indiquer toute espèce de sources thermales