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Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/81

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de la plaine du Roussillon à celle de la Catalogne en bordant en France la rive droite de la Tet, et en Espagne la rive gauche de la Sègre, jusqu’au-dessous de la Seu d’Urgel. Ses nombreux sommets atteignent la hauteur de 14 à 1500 toises, entre le Canigou de Roussillon et le Puigmal de Cerdagne, qui en est le point le plus élevé. La crête centrale qu’il interrompt entre Mont-Louis et Prats de Mollo lui est très inférieure.

Les vallées de la Tet et de la Ségre qui se joignent par leurs sommets, forment au pied de ce chaînon une longue coupure longitudinale, la seule de cette espèce qui se présente dans toute l’étendue de la chaîne. Le grand bassin de Cerdagne occupe le col culminant de la double vallée qui semble isoler cette région orientale du reste de la chaîne. Cette ancienne cavité lacustre, la plus grande qui se rencontre dans les Pyrénées, se trouve ainsi placée dans l’alignement du faîte à fine hauteur d’environ 600 toises au-dessous de ses sommets[1].

C’est au N. O. de ce bassin que se relève la seconde arête dirigée vers l’O. 1/4 N. Sa hauteur se rapproche de 1500 toises vers les sources de l’Ariège orientale, et dépasse ce terme dans la région de l’Ariège occidentale. Elle se prolonge dans celle de Salat, et jusqu’aux premiers rameaux de la vallée d’Aran, puis s’abaisse et se perd dans les montagnes du versant français. C’est celle-ci dont l’alignement prolongé viendrait se terminer près l’embouchure de la Bidassoa.

Le faîte des Pyrénées passe brusquement de cette arête à une autre plus méridionale. Celle-ci est en effet la principale, elle embrasse dans son alignement presque parallèle les points les plus notables de la chaîne. Plusieurs géologues ont cru que cette arête maîtresse était la continuation de la précédente et qu’elles étaient réunies par un repli ; d’autres ont considéré l’une et l’autre comme parallèles. Il est d’abord évident que l’alignement de la première

  1. On a observé aussi, dans l’appendice des Pyrénées appelé Corbières, une déviation fréquente des arêtes et des strates vers l’O. S. O. ce qui les rend parallèles au chaînon du Canigou et du Puigmal. Cet appendice est lié aux Cévennes par une arête que l’Aude traverse entre les villages d’Homes et d’Argens. Cette arête pyrénéo-gébennique en se prolongeant sur le N. E. et la vallée du Rhône, borde au nord les bassins tertiaires de l’Aude, de l’Orb et de l’Hérault. L’Orb y creuse un défilé au dessous de Cassenon, l’Ergue, au-dessous de Lodère, l’Hérault entre entre Gangen et St-Guillem.

    Ainsi, on peut suivre la trace des révulsions qui ont soulevé les Alpes occidentales dans les directions approchantes de l’O. S. O. à l’E. N. E., non seulement jusqu’au voisinage, mais jusqu’au centre des Pyrénées.