Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/384

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cimes de la Biscia), et forme la chaîne centrale qui, d’un côté donne ses eaux dans la Stura et Gesso, de l’autre, dans le Roja, Velubia et Tinca, jusqu’à quelques kilomètres du Col de Pouriac, non loin de l’Argentière, où l’on voit les calcaires supérieurs semi-granulaires, ainsi que des schistes argileux et du macigno. Ce massif est ainsi détaché des autres massifs cristallisés des Alpes, qu’on ne retrouve qu’au-delà, et qu’il faut aller plus loin que le val de Maira pour retrouver. Je n’ai pu retrouver aucun massif de serpentine dans toute cette contrée. Celle qui est indiquée par Risso, du côté de la Briga, est tout autre chose, et paraît une roche verdàtre, peut-être feldspathique, au milieu des roches arénacées, inférieures au calcaire granulaire et dolomitique : elle ressemble beaucoup à une roche de même nature qui est au milieu des grès rouges dans le département du Var ; ainsi le domaine des serpentines est restreint depuis Savone jusqu’aux environs de la Spezia, au Mesco près Levento, le long de la mer ; dans l’intérieur, il va depuis Acqui à la vallée de la Magra, et il reparaît plus loin dans la vallée du Serchio, du côté de Camporgiano, près Castel nuovo di Garfagnana, au-delà de la grande masse du calcaire dolomitique ou granulaire des montagnes de Carrare ; dans les Alpes, au contraire, c’est à peu près à côté du mont Viso qu’il reparaît, car je ne le connais pas plus au midi, c’est-à-dire, vers la vallée de la Stura et de la Maira.

« Outre cette excursion plus longue dans les Alpes, j’en ai fait d’autres de moindre durée dans les montagnes et collines du Tortonois, où j’ai retrouvé beaucoup d’îlots de calcaire à fucoïdes que je soupçonnais, mais que je ne pouvais pas reconnaître, n’y ayant pas jusqu’à cet automne retrouvé ces impressions ; cela diminue un peu l’étendue des terrains tertiaires de ces collines, mais n’infirme pas les conclusions que j’ai prises pour la position, des gypses de ces localités. J’ai vu aussi dans quelque endroit, probablement sous ces calcaires à fucoïdes, des aggrégats très intéressans, contenant beaucoup de fragmens de granite qui me laissent même croire qu’il y a non loin de là quelque petite butte de cette roche. J’en ferai la recherche le printemps prochain. Du reste, le granite n’est pas, évidemment, loin au-dessous de ces montagnes du côté de Varsi Bobbio, puisque tous les conglomérats, formés par le soulèvement et la sortie des serpentines, en contiennent de très nombreux fragmens ; ce qui paraît indiquer que cette roche forme une partie d’un substratum de ces montagnes. Les terrains de calcaire à fucoïdes, sous lesquels sont ces aggrégats avec granite, sont très bouleversés : en général, ils ne sont