Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/410

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ses parties latérales qu’elle avait trempées, composer une vaste plaine qu’on appelle la prairie de Pontgibaud. Il en a été de même de l’Allier dans la plaine de Brioude, et ensuite dans la plaine d’Issoire ; de même du Rhin dans la plaine de Mayence, à la suite de laquelle il se resserre dans les gorges étroites de Coblentz et d’Andernach.

« Ces différentes circonstances s’expliquent facilement pour le naturaliste lorsqu’il a dans sa pensée de grands évènemens qu’il ne doit jamais perdre de vue ; c’est la chute énorme et précipitée d’une masse immense d’eau tombant des sommités de l’atmosphère sur les montagnes qu’elle a creusées et sillonnées, et sur les plaines qu’elle a recouvertes à de grandes hauteurs de dépôts considérables. À la suite, et par l’effet de ce grand événement, qui n’est pas contesté et qui n’est pas contestable, la vallée du Mont-Dore, soit dans sa partie élargie, soit dans sa partie rétrécie, a été, ainsi que les autres vallées du même genre, façonnée et creusée.

« Pour ce qui est de la formation des montagnes par soulèvement, cette théorie que l’auteur du mémoire a citée, et dont il s’est appuyé, ayant pris beaucoup de faveur, je puis lui opposer quelques observations et les soumettre à la Société. J’ai fait beaucoup de voyages pour l’étude de la géologie ; j’ai vu beaucoup de montagnes dans ces voyages ; jamais je n’ai pu y découvrir aucune trace qui pût me donner des indices de soulèvement. À commencer par les Alpes, il y a une ancienne observation du général Pfiffer (elle est rapportée par M. de Saussure), qui établit que toutes ces montagnes, en remplissant les excavations qui les séparent, se lient ensemble l’une à l’autre par une pente douce, de telle manière qu’on pourrait aller presque sans s’en apercevoir jusqu’à la cime du Mont-Blanc. En ce qui concerne le Jura, ses anciens points de contact avec les Alpes centrales sont tels qu’on trouve dans les différentes anfractuosités qui sont à ses cimes, des blocs immenses de granite appartenant à ladite chaîne centrale, et qui y ont été apportées.

« Ce phénomène de la continuité des grands continens de montagnes se démontre dans d’autres circonstances avec la même évidence. Si vous entreprenez d’aborder le Jura dans sa partie septentrionale, vous rencontrez presque partout des pentes douces et presque insensibles. Vous êtes tout étonné ensuite, en descendant du côté de la vallée de Genève, de le trouver raide et abrupte comme une longue et immense muraille. Il en est de même des Vosges lorsque vous les abordez du côté de la France, et que