Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/429

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de l’autre côte de la Méditerranée, M. Guidoni, en Italie, reconnaissait également que les Dolomies de la Spezia et de l’île de Palmaria ont débordé, et se sont même répandues sur les roches environnantes, et cet observateur n’hésite pas à leur attribuer une origine plutonique, comme aux serpentines ; enfin, M. de Léonhard vient d’annoncer, dans une lettre récemment communiquée à la Société par M. Dufréuoy, qu’il pensait que certains calcaires primitifs étaient venus de l’intérieur du globe à l’état de fusion comme les porphyres, etc.

« Tant que les roches dans la composition desquelles l’acide carbonique entre en quantité notable, n’ont point fait éruption au dehors, il n’est pas étonnant, d’après les expériences de Hall, qu’elles aient pu être à l’état de fluidité ignée sans perdre leur acide ; mais il n’a plus dû en être de même quand elles ont été lancées de l’intérieur par les crevasses de la croûte solide, comme cela est arrivé pour les dolomies d’Oran et celles de la Spezia.

« Dans ce cas, on peut admettre que la partie supérieure de la masse, jusqu’à une certaine profondeur, a perdu totalement, ou en partie son acide ; mais, en même temps, cette portion décomposée a formé en se refroidissant une croûte sous laquelle le reste a pu se solidifier sans perdre son acide, absolument comme cela avait lieu pour le calcaire que Hall avait fondu dans un tube hermétiquement fermé.

« Cette croûte supérieure, incohérente, exposée à l’action continuelle des agens destructeurs atmosphériques ou autres, a été entièrement enlevée avec le temps, et il ne reste plus aujourd’hui que la masse carbonatée qu’elle préservait.

« Non seulement j’admets que les dolomies d’Oran, et avec M. Guidoni, celles de la Spezia ont été à l’état de fusion, et qu’elles sont sorties de l’intérieur de la terre, à la manière de certains produits volcaniques ; mais je dis aussi que beaucoup de calcaires des terrains anciens, ceux qui forment des masses subordonnées dans les gneiss et les micaschistes sont dans le même cas ; les calcaires lamellaires et grenus serpentino-talqueux, dont on fait le marbre d’Epinal, forment des amas dans les gneiss de la chaîne des Vosges. Ce» amas ne sont jamais stratifiés, et les filières qu’on y remarque les divisent en fragmens très irréguliers. Le calcaire est souvent pénétré de serpentine, qui s’y trouve tellement disséminée, qu’il est impossible que les deux substances n’aient pas été formées ensemble. On admet généralement que la serpentine est un produit de la voie ignée. Il doit donc en être de même d’une roche dont elle est partie constituante. Il y a plus,