Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/503

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Il Dufrénoy répond au Mémoire de M. Virlet :

Il croit que la discussion relative aux cratères de soulèvement lui paraît tenir en grande partie à une erreur de mots ; il est convaincu que la belle théorie de M. de Buch ne rencontrerait aucun adversaire si la valeur des mots était bien connue.

Il commence par faire observer que la question peut se diviser en deux : l’une pour ainsi dire purement théorique, l’autre qu’il appellera d’application.

La première consiste à examiner à priori s’il doit exister des cratères de soulèvement. Il dit qu’un cratère de soulèvement est produit par une force intérieure qui, pressant sur les couches formant la surface de la terre, devient supérieure à la résistance qu’opposent ces couches, les soulève et les fait rompre ; il résulte de cette action une montagne conique présentant au centre une dépression dont les pentes extérieures sont douces, tandis que vers l’intérieur il existe un escarpement abrupte ; les couches qui composent cette surface conique ont une inclinaison constante vers la ligne de plus grande pente ; ces soulèvemens sont presque toujours accompagnés de grandes fentes qui aboutissent au cirque et qui donnent naissance aux vallées de déchirement. D’après cette définition, on voit qu’il doit exister des cratères de soulèvement dans tous les terrains ; car il suffit pour qu’ils soient produits, de deux conditions, une pression intérieure et une résistance ; or, tous les terrains possibles peuvent offrir cette dernière condition ; effectivement, il n’est point de terrains dans lesquels il n’existe des cratères de soulèvement ; ils sont très fréquens dans le Jura ; le cirque de Gavarnie, dans les Pyrénées, formé de couches des terrains de craie, nous fournit également un exemple remarquable des cratères de soulèvement ; mais si ces cratères sont fréquens dans les terrains secondaires, ils paraissent l’être également dans les terrains volcaniques.

Suivant la résistance du terrain soulevé, on conçoit que les cratères produits varient dans des proportions infinies ; il est deux limites entre lesquelles ils sont tous compris : c’est, 1o lorsque le terrain forme une masse qui se soulève d’une seule pièce ; le soulèvement devrait alors s’étendre à une longueur considérable, et la hauteur des cratères atteindrait plusieurs lieues ainsi que M. Virlet l’indique ; mais, dans ce cas, la résistance est telle que le soulèvement n’a pas lieu, et le calcul de M. Virlet, fondé sur ce principe, quoique juste mathématiquement, ne peut pas s’appliquer à ce qui se passe dans la nature ; 2o la seconde limite a lieu lorsque le terrain ne présente aucune résistance et que la matière