la perte des torrens dans les gouffres de la Morée. Nous avons démontré la coïncidence de ces deux modes d’actions : dans tout le midi de l’Europe, la saison pluvieuse et la saison sèche sont nettement séparées comme elles l’étaient, avant notre époque, dans l’Europe entière ; les gouffres qui pendant l’été sont la demeure des carnassiers, deviennent plus tard le passage des eaux torrentielles et des ossemens qu’elles entraînent, en sorte qu’il y a alternative des traces de séjour et de traces de transports.
M. Desnoyers, dans un mémoires sur les ossemens humains du midi de la France, envisage la question sous un point de vue nouveau ; s’appuyant sur des témoignages historiques et archéologiques, il confirme l’opinion de M. Tessier sur la non-contemporanéité des ossemens humains et des ossemens d’espèces perdues dans les cavernes de Bize et de Mialet. Déjà, le rapport des travaux de la société en 1831 contenant le résumé des vues ingénieuses de l’auteur ; mais nous avons dû les revendiquer comme appartenant aux travaux de 1830. On sait qu’une opinion contraire à celle de MM. Tessier et Desnoyers a été soutenue par M. Tournal, de Christol, Marcel de Serres, Farines et Dumas, qui tous ont visité les lieux ; depuis cette époque, MM. Chesnel et Boubée se sont joints à l’opinion de M. Desnoyers, et M. Tournal dans une notice en réponse au mémoire de ce savant a persisté à maintenir que les poteries et les ossemens humains de la caverne de Bize sont contemporains des ossemens d’espèces éteintes qu’on y rencontre. Sans doute, la présence de poteries et de débris humains ne peut, à priori, témoigner de l’époque postérieure au dernier cataclysme européen ; mais il s’agit d’un fait particulier dans lequel, parmi les objets d’industrie, les uns ont les caractères d’une époque historique, bien déterminée ; et les autres ne différent en rien des produits de notre première industrie gauloise trouvés partout à la surface du sol. C’est cependant sur ce dernier fait que M. Marcel de Serres se fonde, pour établir deux époques géologiques dans les dépôts des ossemens humains. Il pense, d’ailleurs, que pour expliquer la disparition des espèces perdues, contemporaines de l’homme, il n’est nécessaire de recourir à aucune cause violente, et qu’un excès de mortalité sur les naissances a pu suffire ; opinion qui nous semble difficile à concilier avec les faits.
L’auteur ne s’arrête pas là ; dans un mémoire sur les animaux découverts dans les dernières couches des dépôts quaternaires, il appuie sur le fait de la contemporanéité, dans les cavernes du midi, des ossemens d’hommes et des espèces perdues,