Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/125

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en remontant le Val-Brembana, et montant au col appelé Passo di San-Marco, d’où nous nous rendîmes dans la Valteline. Les sommités nues, qui descendent à l’E. dans le Val-Torta, rappellent tout-à-fait les colosses dolomitiques du Tyrol méridional. Dans le fond, la stratification est distincte, tandis qu’elle disparaît vers les hauteurs, qui sont aussi dépourvues de végétation. Depuis Olmo on monte pendant une heure et demie le long du Brembo, avant d’avoir traversé ces montagnes de dolomie, et être arrivé aux dépôts plus anciens. Près du pont au-dessous de Mezzoldo, on trouve du porphyre gris clair, divisé en plaquettes et recouvert par la dolomie sous la forme d’un cône élevé. Bientôt après ces masses inférieures augmentent en puissance, la dolomie disparaît, et il se développe ce dépôt d’agglomérat riche en talc et lié étroitement au porphyre. Ces roches formant de hautes montagnes, sont la plupart verdâtres ou rougeâtres, et renferment surtout des fragmens de porphyre rouge, violet, etc. Elles ont la plus grande ressemblance minéralogique avec les agrégats de la vallée de Sernft ou de Mels, en Suisse,

La limite septentrionale de ce dépôt ne se trouve qu’au pied du dernier échelon de la pente septentrionale de cette chaîne, à Al Acqua ; plus au N. on rencontre des schistes gris ou noirs, qu’on aurait appelés jadis des grauwackes schisteuses. Ils inclinent au N. et alternent avec des marnes schisteuses et des rauchwackes, et se prolongent jusqu’à San-Marco, très près du bas de la crête la plus élevée des montagnes. Ils y sont recouverts par des talcschistes grenatifères ainsi que des micaschistes, ayant la même inclinaison au N., et occupant tout le pays jusqu’à Morbegno.

« L’existence de ce dépôt puissant d’agglomérat, entre les lacs de Côme et d’Iseo, me parait un fait nouveau. Il me semble hors de doute que l’aggrégat de San-Martino, au pied du Mont-Salvadore près de Lugano, fait partie des mêmes masses et n’en est que l’extrémité orientale. Néanmoins il ne faut pas oublier que près de Lugano ces roches reposent sur du micaschiste, tandis que sur le chemin de San-Marco, ce dernier a l’air de recouvrir l’agglomérat. Il aurait été fort intéressant d’examiner soigneusement cette contrée et de poursuivre le prolongement de la limite septentrionale de la chaîne calcaire dans le pays de Brescia ; mais nous devions nous hâter d’arriver à la réunion annuelle de la Société helvétique qui a eu lieu à Lugano.

« Comme il n’y a pas de collections à visiter à Lugano, on s’y est dédommagé par l’examen des beautés et des curiosités naturelles