Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/314

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par le seul fait du rabattement, dans une position aussi voisine de l’horizontale que l’extrémité inférieure de la coulée de Louchadière.

Je ne présente, au reste, tout ce que je viens de dire sur le lambeau basaltique de Prudelle que comme de simples aperçus, auxquels le peu d’étendue de ce même lambeau m’empêche d’attacher une bien grande importance. Il me paraissait utile de montrer que les considérations auxquelles il conduit naturellement sont en harmonie avec celles qui se déduisent de l’examen des basaltes du Cantal ; mais il ne faut pas perdre de vue que les raisonnemens que j’ai faits sur le Cantal tirent leur principale force de la grande étendue de son manteau basaltique, comparativement auquel le lambeau de Prudelle, qui a 1,600 mètres de long et une largeur beaucoup moindre, est, pour ainsi dire, un infiniment petit. Il est, par exemple, évident que l’incertitude où l’on reste sur la forme que la restauration complète du lambeau de Prudelle donnerait à sa surface supérieure, n’existerait pas, ou deviendrait insignifiante si son étendue était considérable. De là, il résulte que les conséquences auxquelles le Cantal donne naissance sont hors de comparaison avec toutes celles qu’on pourrait déduire de l’examen du lambeau basaltique de Prudelle, sur la manière d’être duquel pourraient avoir influé des causes locales auxquelles l’état d’isolement où il se trouve aujourd’hui rendrait difficile de remonter.

Essaiera-t-on d’expliquer la position inclinée du basalte de Prudelle, en supposant qu’au moment de son émission il était plus pâteux que ne le sont de nos jours et que ne l’ont été généralement les laves ? Partira-t-on ensuite de cette explication pour jeter des doutes sur l’horizontalité primitive des basaltes du Cantal ? Mais d’abord il est évident que, plus un fluide qui s’est étendu sur une surface donnée aura été pâteux, plus les traces du mouvement que son extension a nécessité auront été persistantes. Si un corps solide ou presque solide venait à être aplati de manière à prendre la forme d’une grande plaque, il présenterait, dans tous ses points, des traces d’écrasement. La ductilité du fer ne l’empêche pas de contracter, dans l’acte du laminage, une disposition fibreuse dans le sens de son allongement. L’absence, dans les basaltes, de toute trace persistante de mouvement est donc un motif pour supposer qu’ils étaient doués, au moment de leur émission, d’une très grande fluidité

Le fait de la grande fluidité initiale des basaltes est d’ailleurs indiqué par la circonstance que des nappes souvent très étendues de cette roche ont été épanchées par des ouvertures fort étroites.