Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/316

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et, dans tous les cas. il est certain que les coulées de Thueys et du Tartarel, qui présentent de véritables basaltes à leur extrémité inférieure, sont sorties de cônes de scories qui ne présentent, avec ceux des environs de Clermont, aucune différence appréciable ; mais il est également certain que les basaltes se lient par une gradation insensible aux roches dites trappéennes.

Les géologues anglais et écossais ont, pour la plupart, renoncé à établir une ligne de démarcation tranchée entre les basaltes de la chaussée des Géans et de Staffa et les roches trappéennes dites Whinstones etToadstones, qu’ils appellent souvent basaltes. M. Léonhardt a compris toutes ces roches dans sa monographie des basaltes ; et on doit convenir que la rareté du péridot dans certains basaltes, tels que ceux de Staffa, et le fait constaté par M. G. Rose de l’identité fondamentale de l’amphibole et du pyroxène, rendent à peu près illusoires les caractères tranchés à l’aide desquels on a cherché jusqu’ici à établir un point d’arrêt dans cette longue série. Quelles que soient d’ailleurs les différences que des recherches ultérieures pourraient établir entre les trapps écossais et les basaltes proprement dits, il est certain qu’ils ont rempli, comme beaucoup de basaltes, des crevasses dans les roches préexistantes, qu’ils se sont épanchés comme eux à la surface du sol, qu’ils se sont de même divisés en prismes d’une régularité souvent parfaite, et qu’ils ont produit, sur les différentes roches avec lesquelles ils ont été en contact, le même genre d’altération ; de sorte qu’on ne serait fondé à supposer, entre le genre de fluidité qu’ils ont possédé et le genre de fluidité qu’ont possédé les basaltes les plus chargés de péridot aucune différence nettement tranchée.

Il est toutefois évident que, bien que les basaltes et les trapps forment une série continue, il n’y a pas eu identité complète dans le mode d’émission, à la surface du globe, de tous les termes de cette série. L’abbé Ferrara, dans son ouvrage intitulé : I campi Flegrei della Sicilia, imprimé en 1810, insistait déjà, et à ce qu’il me semble avec beaucoup de raison, sur la nécessité d’admettre une différence d’origine entre les basaltes prismatiques des îles Cyclopes et de plusieurs autres points de la base de l’Etna et les laves de l’Etna moderne, qui, en se refroidissant sur ses flancs et même sur les rivages qui l’avoisinent, n’y ont contracté que dans des cas extrêmement rares et sur une très petite échelle la division prismatique. M. Bertrand Roux de Doue et M. Burat ont insisté, de leur côté, sur la possibilité de diviser les éruptions basaltiques du Vivarais et du Vélay en plusieurs séries d’âge différent ; sur la ressemblance que le mode d’émission des