Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/319

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près les évaluations de l’abbé Ferrara, déjà mentionnés ci-dessus, le volume de cette dernière coulée n’est que de 600,000,00 de mètres cubes. On arrive, il est vrai, à des nombres plus considérables, en combinant les trois dimensions de quelques coulées, telles que celles de 1783 en Irlande, celles de 1775 à l’Etna ; mais comme les largeurs et les épaisseurs de ces coulées rapportées par les observateurs, sont les largeurs et les épaisseurs maximum, les résultats de ces calculs sont évidemment de beaucoup supérieurs à la réalité. M. Cordier, après avoir cubé différentes coulées, dit dans son Essai sur la température de l’intérieur de la terre, p. 76, qu’il se croit fondé à prendre le volume d’un kilomètre cube (1,000,000,000 de mètres cubes), comme le terme extrême du produit des éruptions considérées en général. Ce terme extrême ne serait encore que le 78e du volume de la partie visible de la masse trappéenne de la Nouvelle-Écosse. Si cette masse était amoncelée en forme de cône sur une base circulaire égale à la base inférieure de tout le massif de l’Etna, base dont le rayon mesuré sur la carte de Smyth est d’environ 20,000 mètres, le cône qu’elle formerait aurait-près de 200 mètres de hauteur, ce qui montre que son volume est comparable non à celui d’une coulée unique de l’Etna, mais à celui de la totalité des déjections, qui, depuis un laps de plusieurs milliers d’années, sont venues recouvrir les assises d’un caractère différent, dans lesquelles est ouvert le val del Bove. Comment donc pourrait-on supposer que cette masse trappéenne, au lieu d’être, comme l’admettent les auteurs qui l’ont décrite, le résultat d’un épanchement opéré d’un seul coup par une énorme crevasse, serait un simple reste d’un ancien système volcanique, comparable à l’Etna moderne ? N’est-il pas au contraire évident, d’après ce seul exemple, que, dans la série des phénomènes dont les basaltes et les trapps sont le produit, il y en a en qui, à certains égards, ont différé d’une manière complète des phénomènes volcaniques actuels ?

Dans cette série, les basaltes du Cantal appartiennent à des termes qui s’éloignent déjà sensiblement des basaltes les plus récens, d’où il résulte nécessairement que leur mode d’émission doit avoir différé notablement de celui des laves de nos volcans d’aujourd’hui. Si donc le mode d’émission des laves actuelles se trouvait être seul en possession de produire directement de hautes montagnes coniques, le mode d’émission des basaltes du Cantal se trouverait n’avoir aucun rapport direct avec la forme conique actuelle du massif dont ils font partie.

Or c’est la précisément ce que nous indique un coup d’œil général