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BULLETIN DU COMITÉ

gères ; Raveau, adminstrateur de la Société immobilière du quartier de la citadelle d’Hanoï ; Raverat, administrateur de la Société industrielle et commerciale d’Indo-Chine ; Félix Régamey, artiste peintre ; Georges Revaud ; Jules Richard, résident de France au Tonkin ; Rigaudin : Pierre Robbe, publiciste ; Louis Rocher, directeur des douanes chinoises ; Edgar Roels ; Rostand, directeur du Comptoir d’Escompte ; Roume, directeur au ministère des colonies ; Rousseau ; Ferdinand Roy ; Armand Ruiz ;

J. Sas ; Émile de Saugy ; Christian Schefer : Sescau ;

Louis Simon, délégué au conseil supérieur des colonies ; Stanislas Simon, directeur de la Banque d’Indo-Chine ; Henri Spéder ; C. Suais, ingénieur en chef des colonies ;

Tasson, ingénieur ; Teillard, secrétaire général de la Compagnie impériale des chemins de fer éthiopiens ; Charles Testut ; Thil, architecte des bâtiments civils en Indo-Chine ; Thors, directeur de la Banque de Paris et des Pays-Bas ; Alfred Thoumyre, administrateur de la Compagnie impériale des chemins de fer éthiopiens : Tréfeu, chef de cabinet du ministre de la marine ; Marcel Trélat, secrétaire général du Conseil d’État ; Trouillet, directeur de la Dépêche coloniale ; Roger Trousselle ; Tuillier : attaché au cabinet du ministre des colonies ;

A. Vacherie, maître des requêtes au Conseil d’État ; Charles Vapereau, commissaire de la Chine à l’Exposition : général Varloud ; Vézin ; L. Villars ; Maurice de Vilmorin ; Paul Vivien, président du syndicat de la presse coloniale ; Henry Vuibert, publiciste ; Charles Wiener, chargé d’affaires de France.

Après le Banquet, les discours suivants ont été prononcés :

Discours de M. Eugène Étienne.

  Messieurs,

Chez tous les peuples libres, aux jours des grandes fêtes comme aux jours des suprêmes épreuves, les esprits et les cœurs se portent vers celui qui, par son dévouement et ses vertus, a conquis la confiance de la nation. Dans cette soirée d’allégresse nos cœurs et nos esprits vont à celui qui, par son amour du bien, par sa calme et tranquille sérénité, par sa générosité, son dévouement infatigable à tous les grands intérêts du pays, a mérité l’estime du monde entier et l’affection de tous les bons Français.

Je vous invite à lever votre verre en l’honneur de M. Émile Loubet, président de la République française. (Applaudissements.)

J’ai le très grand et très vif plaisir de remercier M. le général André, ministre de la guerre, M. de Lanessan, ministre de la marine, M, Decrais, ministre des colonies, qui ont bien voulu honorer de leur présence cette grande et superbe réunion et témoigner ainsi du vif intérêt qu’ils portent aux questions de politique extérieure et coloniale, (Nouveaux applaudissements.)

Messieurs, j’éprouve une profonde émotion en prenant la parole au nom du groupe colonial de la Chambre, du groupe colonial du Sénat, présidé par M. Godin, du Comité de l’Afrique Française, présidé par M. le prince d’Arenberg, du Comité de l’Asie Française, de l’Union Coloniale, présidée par M. Mercet, de la Société de géographie commerciale, présidée par le prince Roland Bonaparte, de la Revue des Questions Diplomatiques et Coloniales, pour fêter comme ils le méritent nos fidèles et dévoués amis, M. Doumer, gouverneur général de l’Indo-Chine, et M. Beau, ministre de France à Pékin. (Vifs applaudissements.)

Nous avons tenu à honneur de les réunir tous les deux ce soir au milieu de nous pour bien marquer que les intérêts français au nord de la Chine sont intimement liés à ceux que nous avons dans la partie méridionale du Céleste Empire. Nous avons pensé qu’il était bon, qu’il était utile que les représentants de la France dans ces vastes contrées de l’Extrême-Orient, où les convoitises européennes s’affirment chaque jour avec plus de netteté, vinssent affirmer publiquement leur étroite union pour le plus grand bien de la patrie française. (Applaudissements répétés.)

Messieurs, parler de l’Indo-Chine, c’est sans contredit parler des plus grands intérêts de la France. Il n’est pas de colonie française qui ait autant agité l’opinion pendant de longues années, qui ait laissé des traces aussi profondes dans l’esprit de ceux qui la suivent attentivement et qui en soulignent passionnément les progrès.

Quand on jette un regard à vingt années en arrière et qu’on parcourt tout le chemin qui a été accompli depuis le début de nos opérations dans le delta du Tonkin, on se demande si vraiment l’on ne fait pas un rêve, si l’on se trouve bien en présence de la réalité, C’est qu’en effet, après toutes les alarmes, toutes les angoisses qui envahissaient nos cœurs à cette époque, nous pouvons proclamer aujourd’hui que l’Indo-Chine est la plus belle des colonies françaises et qu’elle réalisera toutes les espérances qu’on peut concevoir. (Applaudissements et bravos.)

Le temps n’est pas encore bien éloigné où cette colonie, créée par le génie des Doudart de Lagrée, des Francis Garnier, de ce vaillant et intrépide Jean Dupuis, servait de tremplin à toutes les agitations de notre politique intérieure. Tandis que là-bas nos soldats et nos marins luttaient pied à pied aussi bien contre l’invasion chinoise que contre les bandes de pirates, il fallait ici qu’une poignée de braves Français optimistes résistassent aux assauts répétés des adversaires opiniâtres de l’expansion coloniale, (Nouveaux applaudissements.) Il fallait qu’un homme d’État qui a donné à la France plus que sa popularité, comme il le disait un jour, qui lui a donné son existence même, eût assez de patriotisme, d’énergie et de courage pour imposer à son pays, au milieu des plus graves difficultés, une colonie dont ce pays semblait ne pas vouloir. (Applaudissements.)

Mais, après lui, la phalange des vaillants n’a pas disparu et ils sont nombreux ceux qui ont consacré toutes leurs forces pour assurer la domination française dans la vallée du fleuve Rouge et l’étendre dans toute l’Indo-Chine jusqu’à ses limites naturelles, Et comment oublier tous ces hommes de haute valeur, les Paul Bert, les Constans, les Lanessan, les Rousseau, les Pavie, qui ont dépensé tant d’énergie et de dévouement et deux d’entre eux aux dépens de leur vie — pour que l’Indo-Chine apparût dans la politique générale de la France comme la sauvegarde de ses intérêts dans l’Extrême-Orient ! (Applaudissements.)

Nous avons connu l’époque où le Tonkin ne faisait appel à la métropole que pour solliciter de nouveaux sacrifices, une époque aussi où l’on semblait vouloir refuser les crédits demandés parce qu’on espérait que la lassitude finirait par avoir raison de notre ténacité. Et voici qu’aujourd’hui, après un temps relativement très court, car il s’étend de 1891 à l’époque actuelle, après que les prédécesseurs de M. Doumer se sont prodigués là-bas comme lui-même sans compter, alors que, notamment, le ministre actuel de la marine, mon ami M. de Lanessan, gouverneur général de 1801 à 1894, a donné, en dépit des attaques imméritées dont il fut l’objet, le témoignage éclatant d’une sage et féconde administration, voici que ce Tonkin, cette Indo-Chine française, non seulement ne réclame ni concours ni secours à la métropole, mais prend à sa charge une partie des dépenses qui devraient, semble-t-il, naturellement incomber au budget de l’État français.

Que nous sommes loin de l’époque des déficits, de l’époque où l’on allait répétant partout que ni les capitaux français, ni le commerce français, ni l’industrie française ne se dirigeaient vers un pays où la France