Aller au contenu

Page:Bulletin du Comité de l'Asie française, numéro 166, juillet-septembre 1916.pdf/14

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ble s’étre plu & semer ca et 1a a la lobe comme autant de refuges pour tions tenant avant tout a leur indépen-

d’étonnant & ce que les habitants de ces ons soient encore trés barbares; M. Chantre ient pour « la portion la plus rude, la plus sau- vage de la nation et la plus redoutée aussi » celle ui occupe la partie nord du Kurdistan entre le rand et le Petit-Zab. Dans cette région, écrit-il (Les Kurdes, p. 25), les Gourans — ou Raias ou paysans sédentaires — n’existent presque pas; les semi-nomades, aristocratiques pillards,formeutune petite confédération puissante, composée de huit ou neuf tribus principales. Parmielles, M. Chantre signale particulidrement les Revandiz ou Rovan- diz, dont les familles ou tentes seraient aunombre de 12.000 et dont les chefs, la puissante famille des Sorans, réside & Revandouz et posséde cette localité—les Hekkiari, les Bilbas et les Djaf. « Ces derniers, les plus braves, sont aussi les plus re- doutés. Ils habiteut a l'Est, dans le district persan de Kermanchah. En été, ils poussent leurs trou- peaux jusque sur les plus hautes montagnes de la frontiére ; en automne, ils descendent dans les environs de Souleimanieh; en hiver, ils s’éta- blissent jusque dans les plaines du Diyalah. Leur chef peut mettre sur pied 2.000 cavaliers et 4.000 fantassins que l’on considére comme d’excellents soldats (1). »

Voila ce que sont les Kurdes du pays iranien et de ses abords. Combien d’individus y compte ce peuple? La question est assez embarrassante, car on ne saurait indiquer que de maniére tres approximative le nombre des habitants de la con- trée. L’auteur de l’article Kurdistan inséré dans le Dictionnaire de Géographie universelle de Vivien de Saint-Martin attribuait naguére, comme Elisée Reclus et comme le D* Chantre (de qui les autres procédent), une population de 500.000 in- drvidus 4 tout Pensemble du Kurdistan iranien (2). Une telle évaluation demeure en l’air, et en lair également demeurent toutes celles que l'on pour- rait proposer aujourd’hui encore. On est seule- ment en droit de dire sans craindre de se tromper

ue la population est trés clairsemée par toute l'étendue de la contrée ; la nature du pays et les meeurs des habitants y contribuent chacune pour une part.

Aucune industrie, en dehors de l'industrie pastorale. La grande richesse des Kurdes ira- niens, c’est leurs troupeaux qui fournissent aux montagnards tout ce dont ils ont besoin : de la nourrilure et des vétements, et aussi une partie des matériaux dont ils se servent pour dresser et pour meubler leurs tentes estivales (3). Quelques SER SECON RR Ck STL AE eave es ela ea

(1) Ernest Cuanrnn. Les Kurdes. Esquisse historique et ethno- graphique, p, 25.

(2) C'est-a-dire de la province de ce nom, abstraction faite des Louris et des Bakhtiari habitant plus au Sud. Les Hakkiari de la vallée du Grand-Zab ne sont pas davantage englobés dans ce total.

(3) Elles sont faites en laine de chavre; les abris que les mon-

tagnards habitent pendant l’hiver sont des huttes de pierres séches.

y

L’ASIE FRANCAISE

s coins, difficilement accessibles, que la |

gisements miniers sont superficiellement exploités cadet la, tels ceux des environs de Djoulamerk (fer et plomb), mais personne, en réalité, ne tire encore parti des grandes richesses que recélerait le sous- sol de la contrée (1). L’élevage est la grande, pour ne pas dire la seule occupation des Kurdes qui habitent les confins montagneux de la Turquie et dela Perse ; vivant sous la tente, au moins pendant l’été, quand ils ont fait sortir leurs troupeaux des étables ot les bétes sont entassées pendant!’hiver, ils consacrent tous leurs soins 4 ces animaux, qwils se piquent parfois de connaitre un par un. Ils les quittent toutefois, lorsque l’occasion se présente pour eux de descendre dans les plaines mésopotamiennes, et d’y piller les tribus sédentaives ou les voyageurs ; puis, leurs coups faits, ils regagnent leurs hautes vallées, qui leur assurent l’impunité en leur offrant un refuge inviolable. Parfois aussi, les Kurdes s’éloi- gnent de leurs montagnes natales et vont se mettre au service de la Turquie ou de la Perse ; ils y font naturellement d’excellents soldats, admirablement préparés par leurs meeurs rudes et par le milieu ambiant ala vie militaire. Comment, dans de telles conditions, des agglo- mérations urbaines existeraient-elles ? Tout au plus peut-on citer, autour de quelques chateaux- forts, des groupements de quelques maisons de pierres séches, d’étables et de bergeries. La affluent, pendant les mois de l’hiver, les semi- nomades du Kurdistan oriental — Turcs ou Per- sans — descendusdes plateaux etdes crétes. Djou- lamerk, la capitale des Hakkiari, établie sur un éperon rocheux qui domine le cours du Grand- Zab, est un des plus considérables parmi ces petits groupements qui ne méritent nullement le nom de villes ; on lui attribue 4.000 habitants, a peu prés autant qn’en compteraient Amadia, Achidga et Revandouz, plus méridionales que Djoulamerk, mais toutes assises comme elle dans la vallée du Grand-Zab ou dans la vallée de tel ou tel de ses affluents supérieurs. Souleimanieh, a la source du Zetchinar, branche supérieure du

Diyala, au pied du sommet neigeux de l’Avro-

man, n’est également qu'un grand yillage aux maisons construites en terre cuite au soleil et enduites a V'intérieur d’une couche de platre ou de mortier que, dans quelques habitations, on blanchit & la chaux (A. Clément). Elle sert de marché aux tribus kurdes des environs, isolées de la plaine par les bandes de farouches brigands que sont les Hamavand.

Les véritables villes, c'est seulement a la péri- phérie du pays montagneux qu’elles ont été ba- ties, au point ot les riviéres torrentielles nées iat sensation se dae ig oa ae ee

(1) Les Kurdes ne le voudraient pas, 4 en croire un voyageur oe a naguére visité le Kurdistan oriental. « Plusieurs personnes

ignes de foi m’ont affirmé que, dans les montagnes qui séparent la vallée de Souleimanieh de la frontiére de la Beco, des Kurdes avaient découvert des pépites d’or et le commencement d’un filon dont on cacha soigneusement Vexistence, de peur que les Tures ne viennent exploiter ces richesses comme ils l’ont fait & Madain. Craignant mon indiscrétion, on se garda bien de m'indiquer exac- tement la place de ce précieux {ilon. » (A. Ciimenr. Excursion dans le Kurdistan ottoman, de Kerkout & Ravandouz, Mémoires de la Société de Géographie de Geneve, 1866, p- 194.)