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« ÉPITAPHE.

« Peintres dont l’artiste pinceau
« Va dépeignant sur le tableau
« Les vertus en habit de femme,
« Pour en tirer le uray pourtraict
« Il faudroit l’exemple parfaict
« Quy est gisant soubz ceste lame.

« C’est celle dont les actions
« Ont faict veoir les perfections
« Des vertus contraires aux vices ;
« Mais sur toultes la piété
« Et les œuures de charité
« Estoient ses communs exercices.

« A peyne l’apuril de ses iours
« Auoit encore borné son cours
« Quand la parque nous l’a rauie ;
« Chacun plainct son funeste sort,
« Et quy ne regrette sa mort
« Il n’a pas bien connu sa vie. »

On lit également, sur le côté gauche du tombeau, trois autres strophes où s’exhale la douleur du mari :

« TOMBEAV.

« La flamme d’amour coniugale
« Les cœurs et volontés égalle
« Faisant vne ame de deux corps.
« Son ardeur saintement emprainte
« Par la mort ne peut estre estainte
« Dedans le sepulchre des mortz.

« Car bien que les parques cruelles
« Divisent l’une des parcelles
« Et la réduisent au tombeau,
« Ceste divine entelechie
« Montre encor en l’autre partye
« Les rais de son luisant flambeau

« Passant, tu vois ceste sculpture,
« Ces lettres d’or, ceste figure,
« Ce sont autant d’esfectz d’amour
« Pour les regretz d’une belle ame
« Dont le corps gist dessoubz la lame
« Privé de la clarté du iour. »

Ces deux pièces, dont l’auteur ignoré était contemporain de Malherbe, méritaient d’être conservées ; et, en les copiant moi-même à Vernon, j’ai eu soin d’en conserver l’orthographe.