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place ; dans le cas où ce mode paraîtrait défectueux, il en proposerait un autre à l’Administration.

L’architecte évitera, dans les dallages, les couvre-joints en pierre, sujets à se briser et à retenir une poussière humide qui produit bientôt des mousses et des herbes. Lorsque les joints longitudinaux sont à découvert et bien protégés par les bourrelets en pierre qui en éloignent les eaux, lorsqu’ils sont d’une largeur convenable (d’un centimètre environ), il est facile de les entretenir avec de bon ciment, des mastics ou du plomb, et lors même qu’ils resteraient béants, à peine s’ils laisseraient filtrer quelques gouttes d’eau, puisqu’ils ne peuvent absorber que celles qui tombent directement du ciel.

Serrurerie.

56. Sans vouloir repousser les perfectionnements apportés dans l’industrie des métaux, l’architecte chargé de l’entretien de monuments anciens devra bien se garder de modifier le système adopté dans la vieille serrurerie ; car ce système est essentiellement rationnel et en rapport avec la nature de la matière à laquelle il s’applique. L’architecte remarquera que les ferrures des verrières, par exemple, ne sont jamais assemblées à mi-fer, mais que les traverses et montants conservent toute leur force aux assemblages ; que ces montants ou ces traverses se coudent et ne s’entaillent point ; que les fers sont retenus, non par des goupilles, mais par des repos. Il verra que, dans ces ferrures, lorsqu’elles sont exécutées avec soin et qu’elles n’ont pas été dénaturées, l’assemblage des tringlettes destinées à maintenir les panneaux de verre est simple et solide ; que celles-ci peuvent toujours se déposer et se reposer facilement, sans qu’il y ait ni vis, ni goupilles à briser ; que, dans la serrurerie, tous les assemblages sont apparents ; que, sur ces points, les fers, loin d’être affaiblis, sont, au contraire, renforcés ; que toutes les pièces se superposent ou s’enchevêtrent, et ne sont jamais maintenues entre elles par des procédés empruntés à la menuiserie ou à la charpente.

Si, par suite d’une mauvaise exécution première, l’architecte est obligé d’améliorer certaines combinaisons de serrurerie, il devra toujours le faire avec l’esprit rationnel qui guidait les ouvriers anciens. Il ne devra jamais substituer la fonte au fer forgé, et si l’art du forgeron est négligé de nos jours, avec de la persistance et du