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plus singulières. Rien dans les coutumes locales n’en fournit l’explication. Toutefois, en considérant les différents degrés par lesquels passe successivement l’homme qui s’achemine vers l’ivresse, on est tenté de voir, dans le vin de singe, celui qui fait naître les saillies et anime la gaieté ; dans le vin de lion, celui qui soutient la force et excite le courage ; dans le vin de mouton, celui qui amène la faiblesse, et dans le quatrième, enfin, celui qui fait rouler le buveur sous la table et le confond avec les animaux immondes.

Si telle était la signification des quatre vins, l’étranger qu’on honorait par un semblable présent ne devait en accepter que la moitié ; c’est peut-être dans cette pensée que les vases de Joinville ont des capacités différentes. Le vin de singe et le vin de lion n’ont rien qui puisse les faire repousser ; mais le vin de mouton paraît indigne d’un homme de cœur, et le dernier, indigne d’un homme.


V.

Note sur une crosse d’abbé de Toussaint, trouvée dans l’église de ce nom, à Angers.

(Communication de M. Godard-Faultrier, correspondant à Angers.)

Afin de répondre à une partie du n° 2 du Questionnaire, j’ai l’honneur d’envoyer aux comités historiques (section d’archéologie) la note suivante :

En 1845, en présence de MM. Lebe-Gigun, membre de la Légion d’honneur, et de Beauregard, président de chambre à la cour, je procédai, dans l’ancienne église de Toussaint, à l’examen d’un tombeau découvert, le 11 mars, à 1 mètre 70 centimètres de profondeur, au bas de la nef de ladite église.

Ce tombeau, de la classe de ceux qui sont appelés non apparents, était en forme d’auge, mais plus large vers les flancs qu’aux pieds et à la tête ; il se composait de plusieurs pierres de tuf, taillées sur leur face interne, dressées sur leurs champs, placées sur le sol, liées entre elles avec de la chaux et recouvertes de larges ardoises brutes. Le sol lui-même, corroyé et parsemé en quelques endroits de résidus de charbons de bois, formait le fond du tombeau dont le chevet en pierre de tuf encadrait la tête du défunt dans une sorte de creux.