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de reproduire fidèlement la croix en pierre qui en somme le pignon. Elle est recroisettée, comme celle des Tyrel, par le moyen de crochets en feuillages enroulés, tels que ceux qu’on remarque aux clochetons des monuments de style flamboyant.

Le clocheteur des trépassés était ordinairement un homme de service attaché aux hôpitaux, qui peut-être percevaient une partie de la rétribution exigée pour la recommandation des morts ; il était donc juste que l’Hôtel-Dieu de Poix contribuât aux frais nécessités pour la confection de la clochette de son employé.

Notre clochette a une forme élégante ; sa robe est allongée, d’un beau galbe ; en termes de fondeur, elle a peu d’épaisseur à son cerveau, ou partie supérieure, et beaucoup à sa pince, ou partie inférieure.

Conformément à la sévérité de sa destination, elle ne présente aucun ornement ; le manche en fer, ajouté après coup, n’offre rien de remarquable et semble usé par un long emploi. Approximativement, la clochette a de diamètre 12 centimètres, et de poids 3 kilogrammes. Les métaux de l’alliage qui la forment doivent être très-purs, car elle jouit de toutes les perfections des chefs-d’œuvre de l’art campanaire du xvie siècle. Son timbre, vibrant et argentin, devait retentir avec une certaine solennité dans les rues de la ville antique de Poix ; au sein des ténèbres, elle rappelait aux citoyens leurs graves devoirs envers leurs frères qui les avaient précédés dans ce monde terrestre.

Une dernière considération donne de l’intérêt à notre sonnette, c’est qu’elle mentionne le nom d’un artiste de nos contrées. En explorant les cloches des environs de Poix, peut-être trouverions nous quelque œuvre d’Andrieu Munier ; de même Péronne, Picquigny, Beauvais, nous exhibent simultanément sur leurs cloches antiques les noms des Croisilles, des Guérin, etc.