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« On ne peut dire quand on a construit le gros pignon qui sépare la nef en deux, ni si la partie inférieure de la nef où il y a un second mur de séparation, et si les clochers ou tours et le portail ont été achevez ; ou quand la voûte et les clochers sont tombés, en cas qu’ils aient été achevez ; ni en quel tems, ni sous quel abbé on ait converti le bas de la nef et le portail en logis abbatial appelé ordinairement le château, à cause des tours et des meurtrières qu’on y voit encore.

« Il y a dans ce logis abbatial un autel : on voit encore au retable les armes de France modernes à trois fleurs de lys ; celles de l’église métropolitaine de Reims, peut-être à cause que ses archevêques ont eu depuis la fondation de cette abbaye, dont ils étaient les premiers fondateurs à cause de saint Réole, et longtems après, toute juridiction sur les abbez et religieux ; et les armes des comtes de Champagne, qui ont fait bâtir cette église et fait plusieurs donations, comme on a vu cy-devant.

« Dans la grande arcade extérieure du portail, du côté de la place ou halle du bourg, au-dessus de la grande porte et au milieu, on voit la figure d’un archevêque revêtu de ses habits pontificaux, avec le pallium fort long, selon l’ancien usage. Ce qui reste du portail marque qu’il était beau et magnifique, et ne cédait en rien à ceux des plus belles églises. On en peut juger par l’entrée et la porte conventuelle qui conduisent aujourd’huy au cloître et dans l’intérieur du monastère, et par où on entrait autrefois dans les collatéraux de la nef. Cete entrée est belle, noble, magnifique, bien voûtée, soutenue de belles colonnes d’une pierre extrêmement dure et polie, les ceintres enrichis de sculptures ; sur la droite du portail, il y a encore une entrée bouchée, mais semblable à la précédente.

« Dans la tour du portail vers le septentrion, on voit à la voûte une grande ouverture ronde et de cinq à six pieds de diamètre, pour monter des cloches. Mrs les anciens religieux prétendoient que les cloches qui sont aujourd’hui à Saint-Prix avoient été enlevées de nostre tour et vendues par les premiers commandataires. Ils ont bien vendu et dissipé d’autres biens et immeubles ; ce fait est digne de leur avarice et de leur insatiable cupidité à Orbaiz comme ailleurs.

« Enfin, en considérant la grandeur et la beauté de notre église, on peut conclure qu’il y a eu autrefois un nombre considérable