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ties couvertes de chiffres et d’arabesques relevés en or sur des fonds blancs, des niches en coquille richement dorées, des peintures habilement combinées avec l’architecture, et qui n’ont encore rien perdu de leur fraîcheur ni de leur harmonie. Aujourd’hui que les grands hôtels ont successivement disparu, et que la décoration intérieure des palais du Gouvernement a été partout renouvelée dans le style moderne, il n’existe plus rien de semblable dans la ville de Paris. C’est comparable aux plus belles galeries du château de Fontainebleau ou des palais de l’Italie. Il n’est donc permis à personne, à moins qu’on ne soit étranger à toutes les notions de l’art et insensible à l’impression des grands souvenirs, de nier la valeur esthétique et l’importance historique du palais Mazarin. N’est-ce pas quelque chose que de trouver dans la même ville, et séparés à peine par deux ou trois rues, ici les derniers restes de la demeure du grand cardinal de Richelieu, plus loin l’habitation du ministre qui forma Colbert et inaugura le règne de Louis XIV ?

La solidité des bâtiments ne peut être sérieusement mise en question. Nous invoquerons, sur ce point, l’autorité d’hommes essentiellement pratiques : d’une part, celle de MM. Duban et Caristie, membres du conseil des bâtiments civils ; d’autre part, celle de M. Achille Leclerc, chargé depuis plus de trente ans, comme architecte conservateur, de l’entretien annuel de l’édifice. Ces messieurs ont examiné le monument à plusieurs reprises et dans tous ses détails. M. Achille Leclerc surtout est appelé par ses fonctions à visiter fréquemment les murailles, les planchers, les voûtes, la couverture. Tous trois attesteraient au besoin le bon état de conservation et la solidité de toutes les parties, importantes du monument. S’il existe quelques bâtiments hors de service, ce sont des constructions tout à fait secondaires, qui devront disparaître quand le moment sera venu d’approprier définitivement le local à sa destination. Loin de considérer l’édifice de la Bibliothèque comme arrivé à une période menaçante de décrépitude, les habiles architectes dont nous venons de citer les noms sont persuadés qu’on trouverait très-difficilement un bâtiment d’aussi heureuse condition, où les manuscrits, les livres, les cartes, les gravures fussent mieux à l’abri de l’humidité pendant l’hiver, de la poussière pendant l’été. C’est là un des plus précieux avantages que puisse offrir l’édifice destiné à renfermer une bibliothèque :