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pipes, et recouvertes d’une couche de la même terre plus choisie et plus fine, n’étaient point émaillées, mais seulement vernissées au plomb. Les principaux ornements étaient gras vés en creux et les tailles remplies d’une argile colorée qui venait araser la surface. Ce procédé par incrustation, qui avait été employé au moyen âge pour des pièces de carrelages, est à peu près celui de la niellure sur métaux, qui remonte en France jusqu’au viie siècle, qui y fut continué jusqu’au xiie, et qui reparut en Italie vers l’époque de la renaissance. À ces incrustations sur les poteries d’Oiron se joignait l’application d’ornements en relief, obtenus par moulage et poinçonnage. Parce que des armoiries princières et les emblèmes royaux en usage sous Henri II se rencontrent souvent sur ces poteries, on fut porté, jusqu’à l’époque où M. Benjamin Fillon fit connaître le lieu et les conditions de leur origine, à les attribuer à l’intervention du souverain, dont elles ont, pendant longtemps, emprunté le nom. La fabrication de ces pièces délicates, si rares et si chèrement payées dans les ventes, continua, après la mort d’Hélène de Hangest en 1537, sous le patronage de son fils aîné, Claude Gouffier, grand-écuyer de France ; mais on ne trouve déjà plus, dans les produits de cette époque, cette ornementation d’un goût exquis, cette recherche précieuse de la forme, cet ensemble harmonieux, cette grande finesse d’exécution, et bientôt toutes ces belles qualités disparurent.

Bernard Palissy, le potier de Saintes, naquit vers 1510. D’abord verrier et arpenteur, il parcourut les provinces méridionales de la France, visitant avec une vive curiosité les carrières, les mines, les grottes des contrées qu’il traversait. En 1539, il se fixa dans son pays, à Saintes, et s’y maria. Poussé par son esprit inventif et persévérant, il commençât dès lors ses travaux à la recherche de l’émail blanc, que nous avons signalé sur les œuvres de Luca della Robbia. Pendant