Page:Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, volume 8.djvu/14

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parlé, promet-un volume sur ces faïences bretonnes ; nous n’avons donc qu’a les indiquer ici. Mais, avant les faïences rennaises du xviiie siècle, n’y avait-il eu dans notre pays, au xvie et au xviie, aucun travail de terre méritant d’être mentionné ? Il semblait naturel de ne se décider à l’admettre qu’après avoir cherché encore ; quelques circonstances d’ailleurs pouvaient donner espoir.

Aux premières années du xvie siècle, une Bretonne, la duchesse Anne, devenue reine, présidait, on peut le dire, aux destinées intellectuelles de la France. Son éducation avait été brillante ; à quinze ans elle parlait, dit-on, le latin et le grec, et elle avait pu, pendant qu’elle était fiancée à Maximilien d’Autriche, prendre auprès des artistes flamands qui se trouvaient à la Cour de Rennes le goût des arts. Brantôme, qui dit qu’elle était femme hosnête, bien disante, de fort gentil et subtil esprit, ajoute qu’elle fut « la première reyne de France qui commença à dresser la Cour des dames, que nous avons vues depuis elle jusqu’à cette heure. » En appelant aux réunions de la Cour les dames, que son exemple maintenait dans une parfaite réserve, elle y introduisit les traditions d’urbanité et d’élégance. Pendant que les rois ses époux guerroyaient en Italie, elle faisait de sa Cour, à Blois ou à Amboise, le rendez-vous de tout ce que la France possédait de poètes, de savants et d’artistes, qu’elle charmait par son doux accueil et dont plusieurs furent honorés de son amitié. On a dit qu’elle avait préparé la renaissance française, qui allait flillustrer le règne de François Ier ; il faut dire plus, elle fut la protectrice d’un art national dont lesmllinités doivent être cherchées bien moins du côté de l’Italie que du côté du Nord, dans cette école allemande qui plonge ses racines jusque dans les derniers siècles du moyen âge, et d’où sortirent plus tard les maîtres flamands et hollandais (3). La reine Anne avait composé sa garde entièrement de Bretons ; presque tous les offi-