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Page:Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, volume 8.djvu/417

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ses contemporains, il n’ait écrit de longs poëmes, ou plutôt de longues chroniques rimées, sur le miracle de Théophile, auquel la Sainte Vierge rendit le traité par lequel il s’était vendu à Satan ; sur les sept Machabées, sur le martyre de saint Laurent, de saint Victor, de saint Maurice, de sainte Thaïs, des saints Félix et Adaucte, et sur la vie pleine de miracles de saint Maurille, l’un des plus illustres évêques d’Angers. Non pas même que ces poèmes ne soient, et de beaucoup, la part la plus volumineuse de son œuvre ; mais il est manifeste qu’il a, dans ces rimes, donné beaucoup plutôt satisfaction à sa piété, au dessein d’édifier ses lecteurs, qu’à sa verve poétique. Bien plus, il confesse lui-même que c’est une sorte d’expiation des poèmes profanes, œuvres de sa jeunesse, qu’il eût voulu n’avoir pas publiés, et qui constituent, sinon aux yeux de ses contemporains, au moins aux yeux de la postérité, son titre réel a la primauté poétique de son siècle.

Pour peu qu’un poëte soit personnel, le meilleur commentaire de son œuvre est la notice de sa vie.

Marbode naquit vers l’année 1040, à Angers[1]. Sa famille y tenait un rang fort élevé à tout le moins comme fortune, et figure au nombre des plus insignes bienfaiteurs de l’abbaye de Saint-Aubin. C’est par le Cartulaire de cette abbaye qu’on sait que son père s’appelait Robert Le Pelletier, et qu’il avait au moins trois frères, Hugues, Salomon et Paganel. Dupaz et Albert Le Grand nomment sa mère Hildeburge. Quelques-uns veulent que ce fut une famille de grande noblesse ; le surnom du père ne l’indique pas. D’autres ont prétendu rattacher Marbode a la famille parlementaire de Marbœuf ; c’est une flatterie qui ne tiendrait pas au plus léger examen, uniquement fondée sur la consonnance du nom.

  1. D’autres disent au bourg de Sorges. Du moins, les biens dont sa famille dota l’abbaye de Saint-Aubin étaient situés à Sorges.