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Page:Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, volume 8.djvu/421

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saints dont il fut l’auteur, datent pour la plupart de cette époque. Les invasions normandes, la destruction (les monastères avaient anéanti un trop grand nombre de légendes contemporaines des premiers évangélisateurs et des premiers civilisateurs de nos contrées. De retour dans leurs cloîtres profanés et ruinés, les plus vieux moines, même avant de réparer les ruines matérielles ; refirent de mémoire l’histoire des saints patrons ; mais trop souvent ces pieux souvenirs avaient pour interprète des plumes malhabiles et peu exercées ; et quand vint la renaissance littéraire qui fut la fleur du pontificat de saint Grégoire VII, comme la renaissance sociale en fut le fruit, les abbés voulurent avoir des Vies des fondateurs de leurs monastères écrites en latin plus élégant et plus correct. C’est ainsi que plusieurs abbés, je dirais mieux, plusieurs abbayes, plusieurs chapitres et plusieurs collégiales, s’adressèrent à Marbode comme à l’écrivain le plus capable de bien répondre a leurs désirs. Il lui vint d’instantes prières jusque du fond du Limousin, ainsi qu’il nous l’apprend dans la préface de la Vie de saint Gauthier.

Quant au salaire qu’il stipulait pour ce genre de travail, il paraîtrait maigre pour un homme de lettres de nos jours.

« Moi, Marbode, est-il écrit à la fin de la Vie de saint Lezin, moi, Marbode, archidiacre indigne de l’église d’Angers, j’ai rédigé et collationné cette Vie du bienheureux Liezin à la prière des chanoines de l’église dédiée à ce saint pontife, lesquels m’ont formellement promis qu’en récompense de mon travail ils me feraient entrer en participation et en communion de toutes les prières et de toutes les bonnes œuvres qu’ils accomplissent dans leur église, en tout temps et chaque jour ; que de plus, ma vie durante, à la messe du matin, ils réciteraient pour moi l’oraison Deus, qui justificat impium, etc. ; qu’après ma mort, ils célèbreraient l’office complet des fidèles défunts avec les oraisons et messes. accoutu-