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Page:Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, volume 8.djvu/427

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père. Il part pour Tours, change les dispositions hostiles de l’archevêque Raoul (1101) ; il se rend de la à Rome, et, après avoir triomphé de tous les obstacles, il revenait à Angers, nanti de la confirmation régulière de l’élection de Rainaud par le Souverain-Pontife.

Mais, pendant son voyage, une réaction, dont l’histoire politique et l’histoire ecclésiastique elle-même n’offrent que trop et de trop scandaleux exemples, s’était opérée à Angers. L’opposition, convaincue de son échec, s’était rapprochéé de l’élu, et l’élu, flatté outre mesure de ce retour, s’était livré tout entier à ses adversaires de la veille, devenus ses adulateurs du jour. La victime de cette transaction, ce fut le vieil ami qui n’avait pas reculé devant les fatigues et les ennuis d’une négociation délicate et d’un long voyage, A son retour à Angers, Marbode se vit dépouillé par Rainaud de Martigné de tous les bénéfices qui lui avaient été concédés dans ce diocèse, dont il avait été la gloire la moins contestable ; bien plus, il se vit ignominieusement chassé de la ville où s’étaient écoulées les premières années de sa vie studieuse et où il avait conquis ses titres à la renommée littéraire, et obligé de repartir pour Rome, pour se défendre lui-même contre les accusations de ce nouvel évêque dont il avait seul obtenu la difficile intronisation. C’est alors que l’évêque de Rennes écrivit et publia sans aucun doute sa lettre à Raynaud, dans laquelle il énumère, avec une éloquente et juste indignation, tout ce qu’il a fait et tout ce qu’il a souffert pour cet ingrat pupille. Cette lettre, nous dirions aujourd’hui cette brochure, est pleine de valeur littéraire en même temps que de curiosité historique, et obtint à l’heure même un résultat trop peu souvent constaté en pareille matière : elle fit reconnaître au jeune évêque d’Angers l’indignité de sa conduite. Il voulut aller lui-même à Rome pour solliciter l’absolution de sa double infraction à la discipline ecclésiastique ; et pour que