Page:Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, volume 8.djvu/437

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De son âme pure, ingénue ;
Mais de tout cela je me tais,
Car je n’en pourrais dire assez.
Le silence est chose plus sûre.
Tant d’autres, à pétrir le fard
Habiles, demandent à l’art
De refaire en mieux la nature !
On a des crèmes pour le teint,
Le visage peint et repeint
Est un arsenal de mensonge.
Un embonpoint trop indiscret
S’enferme en un étroit corset ;
Le flanc court se cambre et s’allonge,
Comme les plis du vêtement,
Qui se prolonge habilement.
En rejetant la chevelure,
On semble avoir un large front,
Où des mains adroites feront
De vrais miracles de frisure.
Que votre cœur est différent !
Madame, vous avez vraiment
Les beautés que d’autres simulent ;
Et, bien loin de les étaler,

  Plus reticere juvat, quam minus inde loqui.
Affectant aliæ quod eis nature negavit,
  Purpureas niveo pingere lacte genas ;
Fucatosque trahit facies medicata colores,
  Distinguendo notas artis adulterio.
Comprimit exstantes quarumdam fascia mammas,
  Et longum fingit vestis adacta latus.
Hæ partim retegunt laxosa fronte capillos,
  Et calamistrait crine placere volunt.
Tu, regina, quod es, metuis formosa videri,
  Quæ coemunt aliæ munera gratis habens.
Præstat habere palam quo te nature beavit,