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tion du châssis où elles se trouvaient abritées ; dans les premiers temps de leur végétation elles ne présentèrent rien de particulier, mais depuis que, grâce au retour de la belle saison, elles vivent à l’air libre, au nord et dans une situation bien abritée, elles ont commencé la chasse aux moucherons. Leur gibier de prédilection est un petit diptère noir, long de 2 ou 3 millimètres, commun dans les endroits frais, tandis qu’elles ne se défendent même pas contre les pucerons verts qui envahissent parfois le pédoncule floral. Voici comment les choses se passent :

Un moucheron, alléché peut-être par l’apparence glutineuse d’une feuille de Pinguicula, vient étourdiment se poser dessus dès lors, c’en est fait de lui ; il se trouve empêtré par ses six pattes sur une surface gluante et duveteuse : vainement cherche-t-il à reprendre son vol ; si une patte se dégage, les autres sont retenues. Il s’épuise en vains efforts, et bientôt, à bout de force, ses tarses fléchissent, il s’affaisse, tombe sur le flanc, dans cette humeur salivale qui petit à petit l’envahit et l’imprègne. La pauvre moucherolle éprouve une bien longue agonie qui se prolonge pendant plusieurs heures : quand elle vient de périr, elle est assez rondelette sur la surface de la feuille ; mais dès le lendemain, elle s’applatit, elle semble être appliquée plus intimement contre l’épiderme, elle s’atténue au point qu’on croirait la voir incorporée dans la feuille. En deux ou trois jours, parfois davantage, ses débris disparaissent en ne laissant que des vestiges insignifiants : la peau et les os, ce qui est tout un pour un insecte.

La face supérieure des feuilles est la seule qui exerce cette puissance meurtrière, tandis que la face inférieure est lisse et sèche. Examinée au microscope, on constate ce qu’on pouvait déjà entrevoir à l’œil nu, que l’épiderme est